La Capitale haïtienne tremble sous la puissance de feu des gangs armés

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Décidément les bandits armés n’ont pas de limite ni dans leurs actions macabres ni en termes de territoire. Ils ont montré, ces derniers jours, leur suprématie face à un Etat moribond et une police sans inspiration. Il n’y a plus de quartiers résidentiels ni de zone verte, en Haïti toutes les zones sont rouges. Les derniers assauts des bandes armées dans plusieurs endroits de la Capitale l’illustrent bien.

Carrefour, Centre-ville, Delmas, Pétion-ville, Tabarre et Route de Frères… aucune zone n’est épargnée. Qu’il s’agisse d’affrontement entre gang rivaux ou avec les forces de l’ordre, des assauts contre les commissariats, la perpétration des actes de kidnapping ou encore le massacre de paisibles citoyens, les malfrats imposent leurs lois à Port-au-Prince.

Fuir ou crever
A l’instar des habitants de Fontamara, Martisant, ceux de Nazon, Christ-Roi, Solino ont dû fuir leur zone pour échapper à la terreur des gangs. Ils ont quitté leur demeure dans l’urgence. Certains, accompagnés d’enfants en bas âge, n’ont pu rien emporter. Leur vie étant plus importante que tout le reste.

Mimose, 36 ans habitait Nazon. La jeune fille, fuyant la violence armée qui règne dans son quartier, a atterri au marché de Puit-Blain avec deux de ses enfants. Un troisième, le plus âgé, avait pris le devant. Elle est jusqu’à présent sans nouvelle de lui. « Je ne sais pas où aller. Je ne connais personne ici. J’ai tout laissé là-bas. Qu’est-ce que je vais faire ? », S’interroge Mimose essayant difficile de contenir ses larmes.

Comme elle, des dizaines de familles ont abandonné leurs maison en catastrophe hier jeudi 2 mars 2023, dans le centre-ville de Port-au-Prince, à cause des crépitements d’armes automatiques. Angoissés et terrifiés face aux menées subversives dont seuls ses truands ont le secret, les gens fuient, courent. Une course pour la survie. Mais quelle survie, quand on sait qu’aucun quartier n’est à l’abri. Alors que le bas de la ville fait peur, dans les hauteurs de Pétion-ville, les riverains ne sont pas mieux lotis.
Pas plus tard qu’hier, des bandits armés, non identifiés ont incendié, le Sous-Commissariat de Fort-Jacques, dans la Commune de Pétion-Ville. Les dégâts sont considérables. Des voitures et des motocyclettes ont été incendiées et le bâtiment est méconnaissable. L’action est l’œuvre du gang « Kraze Baryè » de Vitelhomme Innocent qui avait assassiné cinq policiers à Métivier à la mi-janvier 2023.

A Frères, quartier de la commune de Pétion-ville, la situation n’est pas différente. La peur, le stress et l’inquiétude d’être victime d’une éventuelle invasion des gangs se lisent sur le visage des riverains. Et pour cause, les habitants de Corlette connaissent des moments difficiles depuis hier, jeudi 2 mars. Un groupe d’hommes armés ont envahi la zone et ont commencé à tirer dans toutes les directions. Aucun blessé par balles n’a été signalé, mais cette irruption violente a fait des victimes. En plus, de l’anxiété généré par cette attaques, des impacts de balles sont constatés sur des maisons et des véhicules stationnés devant ou à l’intérieur de celles-ci.

Les bandits s’en prennent aux membres des forces de l’ordre
Ce même 2 mars 2023, à la ruelle Rivière, le commissaire principal de la Police de Port-au-Prince a été pris pour cible par des hommes lourdement armés. Luckner Dumond est sorti blessé dans cette attaque et son véhicule criblé de balles. A croire que les bandits n’ont pas de limite. Ils s’attaquent à qui ils veulent, même au symbole d’autorité. D’ailleurs, plusieurs policiers administratifs, des membres d’unités spécialisées et même des hauts gradés ont déjà fait les frais de la machine infernale de l’insécurité qui broie tout sur son passage.

Sans être inquiétés, les malfrats placent la barre plus haute de jour en jour. Comme s’ils jouaient à établir des records. Pour démontrer leur « puissance », Ils s’en sont pris à un ancien Secrétaire d’État à la Sécurité Publique. Ironie du sort. Sébastien Jean Charles ainsi que l’une de ses filles ont été enlevés à Port-au-Prince, ce vendredi 3 mars, alors qu’il emmenait sa fille à l’école.

Qui est à l’abri en Haïti ? Qui sera la prochaine victime d’une balle perdue, d’un rapt, d’un assassinat ou d’un braquage ? En tout cas, le jeune avocat Jerry Syverain, kidnappé à Port-au-Prince le 17 février dernier, se veut lucide : « Face à l’inaction ou l’amateurisme des autorités compétentes, nous sommes tous vulnérables ». Ce n’est qu’une question de temps !

Wandy F. CHARLES
Vant Bèf Info (VBI)