Journée mondiale de la lecture : un rendez-vous manqué pour Haïti

Getting your Trinity Audio player ready...
|
Alors que le monde célèbre la Journée mondiale de la lecture sous l’égide de l’UNESCO, en Haïti, la date passe sous silence. Dans un pays ravagé par la violence armée, la misère et le chaos institutionnel, lire est devenu un privilège rare. Célébrer la lecture relève désormais de l’utopie.

Port-au-Prince, le 23 avril 2025 —Chaque année, le 23 avril, l’UNESCO appelle les nations à promouvoir le livre comme vecteur de savoir, de liberté et d’émancipation. Mais en Haïti, des milliers d’enfants déplacés, privés d’écoles et de livres, survivent dans des abris de fortune. Pour eux, cette journée n’a ni sens ni portée.
Quand l’insécurité ferme les livres
Dans plusieurs quartiers de la capitale, les gangs imposent leur loi. Les écoles ferment, les enseignants s’enfuient, les bibliothèques restent verrouillées. La lecture, qui devrait être un refuge, est désormais inaccessible à une génération sacrifiée. « Je veux lire, mais il n’y a pas de livres ici », confie un garçon de 12 ans, réfugié à Delmas avec sa famille.
Un État absent, une culture abandonnée
L’absence de politique publique pour soutenir l’éducation et la lecture dans les zones sensibles aggrave la crise. Les initiatives communautaires, bien que courageuses, peinent à survivre sans appui ni protection. Pendant ce temps, les autorités brillent par leur inaction. L’abandon du secteur éducatif devient une trahison silencieuse.
Un droit fondamental piétiné
Le droit à la lecture est indissociable du droit à l’éducation et à la dignité. Dans les écoles transformées en camps pour déplacés, les enfants sont privés de cahiers, de crayons, et surtout, d’histoires qui font grandir. Le manque de livres est le symptôme d’un pays en panne de projet collectif.
Le silence d’un pays étouffé
Ailleurs, on organise des foires, des lectures publiques, des rencontres avec des écrivains. En Haïti, le silence règne. Non par désintérêt, mais parce que les armes parlent plus fort que les mots. Ce silence en dit long sur l’état d’un pays où l’espoir se cherche encore entre les lignes.
En ce 23 avril, Haïti ne peut célébrer. Elle peut à peine espérer. Mais elle peut encore résister — par les mots, par les rêves, et par la conviction qu’un jour, chaque enfant pourra ouvrir un livre sans craindre les balles.
Martino Cadet
Vant Bèf Info (VBI)