Jérémie : un atelier pour déconstruire les violences faites aux femmes

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Dans une dynamique concertée, le Bureau du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (HCDH), la Société Haïtienne d’Histoire, de Géographie et de Géologie (SHHGG), le Comité National Route de l’Esclave et l’association OFAVA ont organisé à Jérémie une série d’ateliers consacrés à la lutte contre les violences faites aux femmes.

Jérémie, le 4 juin 2025 – Ces rencontres, qui ont rassemblé des femmes et des jeunes filles ayant survécu à des violences sexuelles et sexistes, ont constitué un espace de dialogue, de conscientisation et de réflexion critique sur les mécanismes sociaux et culturels qui alimentent ces violences. Un pan central des discussions a porté sur les représentations culturelles véhiculées dans le vodou haïtien – souvent mal comprises ou caricaturées – et leur influence dans la construction des rapports de pouvoir entre les sexes.
En marge de ces ateliers, une exposition inédite a été inaugurée à l’Université Publique de la Grand’Anse. Elle donne à voir les récits longtemps marginalisés de femmes ayant marqué l’histoire d’Haïti. De la figure ancestrale d’Anacaona aux luttes contemporaines, cette exposition rend hommage à une mémoire féminine marquée à la fois par la souffrance, la résilience et l’affirmation identitaire.
Présent lors de l’inauguration, M. Neptune Prince, directeur exécutif du Comité National Route de l’Esclave, a insisté sur la nécessité d’impliquer les communautés vodou dans la lutte contre les violences basées sur le genre. Il a rappelé qu’une rencontre s’est tenue le 2 juin 2025 avec des adeptes et leaders spirituels de la région de la Grand’Anse, afin d’initier un dialogue autour d’une réalité souvent tenue sous silence.
« Cette initiative vise à rompre l’omerta qui entoure les violences faites aux femmes dans le contexte du vodou haïtien. Il est impératif que la population comprenne que le vodou ne saurait être réduit à des pratiques obscures, ni servir de prétexte à la stigmatisation ou à la violence », a-t-il déclaré.
Accessible tout au long de la semaine, l’exposition est encadrée par des spécialistes formés à l’accompagnement du public. Elle s’inscrit dans une volonté affirmée de déstigmatisation, d’éducation citoyenne et de réappropriation critique de l’histoire nationale à travers une perspective de genre.
À l’intersection de la mémoire, de la justice sociale et des droits humains, ce projet entend replacer la voix des femmes victimes au centre du débat public, tout en contribuant à l’émergence d’une société plus juste, inclusive et lucide face à son passé.
Judelor Louis Charles
Vant Bèf Info (VBI)