Insécurité-Mariani : Témoignages poignants d’un proche d’une victime tuée par balles

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Les affrontements armés entre policiers et bandits à Mariani le 27 novembre 2023 ont coûté la vie à des paisibles citoyens. Jean Elmina a été tuée d’une balle au niveau du thorax. Élie Petit-Frère, son grand frère, revient sur cette douloureuse expérience en retraçant le drame.

Carrefour, le 10 janvier 2024.- Le lundi 27 novembre 2023, Jean Elmina revenait de Carrefour, accompagnée de sa tante et son oncle, rapporte Élie Petit-Frère.

Ils ont bravé le danger en traversant Mariani pour se rendre à Le Lambi. Chemin faisant, elle a reçu un projectile alors qu’elle marchait au milieu de ses deux parents. Ils ont tenté de la secourir, mais en vain. Se rendant compte qu’elle avait rendu l’âme, ils étaient obligés de l’abandonner au bord de la route.

Une nouvelle qui a choqué

Élie Petit-Frère dit avoir appris la nouvelle de la mort de sa soeur, le mardi 28 novembre 2023. « A peine sortie de l’hôpital, j’ai appris la nouvelle comme un coup de tonnerre dans un ciel serein. On m’a dit que ma sœur est blessée par balle », raconte Élie Petit-Frère.

L’entrepreneur souligne qu’il a emprunté la route de Mariani avec l’intention de transporter sa sœur à l’hôpital, sans penser au risque qu’il courait.

Élie aurait pu laisser sa peau

Arrivé à Mariani, Élie Petit-Frère dit avoir fait face à des obstacles. Les gangs armés ont pointé leurs armes en sa direction. Malgré sa convalescence, il a affronté les bandits pour pouvoir traverser. Après de vifs échanges, ils l’ont autorisé à poursuivre la route à la recherche de sa petite sœur.

Après quelques mètres, il a finalement trouvé le corps de la jeune fille au milieu d’autres cadavres jetés en pâture aux chiens et aux porcs. Après ce constat, il s’est adressé aux membres des gangs armés pour l’autoriser à lever le corps de la victime.

Une expérience douloureuse

Après des négociations, il a été autorisé à procéder à la levée du cadavre. « J’ai contacté une morgue privée, mais elle ne voulait pas se rendre à Mariani. Les responsables m’ont confié une ambulance et j’ai levé le cadavre tout seul », déclare-t-il.

En retour, il allait être pris en sandwiches. Les bandits armés affrontaient deux blindés de la police. « J’ai frôlé la mort ce jour-là. J’ai vu la mort en face, mais Dieu m’a sauvé », dit-il avec amertumes. Il arrivait quand même à déposer le cadavre, qui entrait déjà en putréfaction, à la morgue.

« Les responsables du sang de ma sœur »

Monsieur Petit-Frère déplore la façon dont il a perdu sa sœur. Il dénonce le silence de la population, le laxisme des autorités étatiques et la complicité des politiciens, d’une part. Il s’en prend au secteur économique qui alimente les gangs armés dans le pays, d’autre part.

Agée de 37 ans, Jean Elmina laisse ses trois enfants et ses parents dans la désolation. Élie Petit-Frère dit avoir beaucoup investi dans cette dernière qui est partie trop tôt.

Depuis le 1er novembre 2023, la zone de Mariani est sous le contrôle des gangs armés. La zone devient un véritable terrain de guerre entre forces de l’ordre et bandits armés.

Jean FRANÇOIS
Vant Bèf Info