Insécurité : les écoles abandonnées, symbole de l’échec de l’État et des rêves brisés

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Ces derniers temps, Haïti traverse une période sombre, marquée par une insécurité grandissante qui perturbe la vie quotidienne des Haïtiens. Cette situation reflète l’échec de l’État, visible à travers les écoles abandonnées, autrefois symboles d’espoir et d’avenir pour les enfants du pays. Aujourd’hui, ces établissements scolaires incarnent la faillite des politiques publiques face à une violence qui ravage tout sur son passage.

L’insécurité, un fléau pour les établissements éducatifs

Depuis plusieurs années, les groupes armés ont pris de l’ampleur en Haïti, contrôlant progressivement de vastes zones, notamment la capitale Port-au-Prince. Les écoles, qu’elles soient publiques ou privées, sont les premières victimes de ce chaos. Enseignants, élèves et parents se retrouvent souvent pris en otage par les gangs, tandis que les établissements sont attaqués, pillés et incendiés. Une situation de plus en plus insupportable.

Des écoles fréquentées par des milliers d’élèves sont désormais fermées, certaines en ruines, d’autres abandonnées. L’insécurité omniprésente empêche toute tentative de normalisation. Les parents, craignant pour la vie de leurs enfants, préfèrent les garder à la maison. Une situation qui tourmente les familles.

« Nous vivons une situation extrême où personne n’est épargné. Les gangs agissent en toute impunité, et l’État demeure impuissant », a déclaré un professeur du Lycée Anténor Firmin. Ce dernier insiste sur l’importance de l’éducation dans une société et croit qu’il s’agit d’un complot orchestré contre la nation haïtienne. « Si on veut détruire un pays, il faut d’abord détruire son éducation », a-t-il ajouté, appelant la population à se réveiller pour se défendre contre ce qu’il considère comme un plan visant à instaurer une nouvelle forme d’esclavage.

Des infrastructures scolaires en ruine

Au-delà des violences humaines, les infrastructures scolaires sont également laissées à l’abandon. Des écoles autrefois modernes et bien entretenues sont aujourd’hui délabrées, avec des fenêtres brisées et des murs criblés de balles. De nombreux dirigeants scolaires fuient ces zones dangereuses, cherchant à se protéger, même si la crise sécuritaire rend cette tâche difficile.

Parmi les établissements touchés figurent l’École nationale Colbert Lochard, l’École nationale Virginie Sampeur, et l’École nationale Darius Denis, ainsi que des lycées, écoles privées et universités. Dans certains quartiers de la capitale, les autorités se disent incapables de protéger les écoles et d’assurer la sécurité des enfants et des enseignants. Un échec flagrant du gouvernement, selon certains habitants.

« L’État a échoué. Il est incapable d’assurer la sécurité de son peuple. Ces dirigeants devraient céder la place à une nouvelle équipe pour résoudre les problèmes urgents du pays », a souligné M. Fabien, un réfugié d’un centre de déplacés à Canapé-Vert.

Les espoirs brisés d’une génération

Pour les jeunes Haïtiens, l’école n’est plus qu’un mirage. Les rêves d’un avenir meilleur, portés par des générations d’élèves, se dissipent sous le poids de la violence. Ces enfants, censés être les bâtisseurs de demain, sont privés de moyens pour construire leur avenir. Le manque d’éducation, dans un pays déjà marqué par l’analphabétisme et la pauvreté, est une double peine.

Interrogés sur leur avenir, un groupe d’élèves du Lycée Horatius Laventure à Delmas a exprimé leur inquiétude, soulignant qu’ils ne comprenaient plus la direction prise par le pays. « Nous ne voyons pas d’avenir malgré nos efforts. Nos dirigeants sont insouciants et semblent vouloir détruire le pays plutôt que de le construire », a déclaré une lycéenne qui rêve de devenir médecin.

Sa déclaration fait écho à celle d’une autre élève, qui, dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux, dénonce l’absence de professeurs depuis plus de trois mois et l’indifférence des autorités face à la situation.

« Pour redonner espoir à la jeunesse haïtienne, l’État doit reprendre le contrôle des zones occupées par les gangs armés, assurer la sécurité des citoyens et investir dans son système éducatif », a suggéré le professeur Fénélon. Selon lui, seul un engagement politique fort et une gestion saine permettront à Haïti de réparer son système scolaire, offrir un avenir à ses enfants et reconstruire la société.

Aujourd’hui, les écoles restent silencieuses, témoignant d’une génération volée et d’un État défaillant, avec des rêves écrasés sous le poids de l’insécurité, exacerbée par les gangs armés.

Jean Gilles Desinord

Vant Bèf Info (VBI)

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