Insécurité : Haïti face à une menace de pénurie de produits pharmaceutiques
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Port-au-Prince, samedi 16 novembre 2024.- Haïti traverse une crise d’insécurité sans précédent qui risque d’aggraver une situation déjà fragile en matière d’approvisionnement en produits pharmaceutiques. Depuis le lundi 11 novembre, après la destitution de l’ex-premier ministre Garry Conille par le Conseil Présidentiel de Transition (CPT), le pays est presque totalement isolé du reste du monde en raison de la violence des gangs armés. Plusieurs compagnies aériennes ont suspendu leurs vols, et les ports, essentiels pour l’importation de médicaments et d’intrants médicaux, fonctionnent au ralenti.
Une crise qui paralyse le secteur médical
L’insécurité croissante, marquée par la multiplication des attaques violentes des gangs, a des répercussions dramatiques sur le système de santé. De nombreux centres médicaux restent fermés depuis les incursions armées de février dernier. Des établissements clés, comme l’hôpital DASH de Delmas 18, l’hôpital Saint-François de Sales et le centre de santé Saint-Martin, ont été pillés et détruits par les gangs en mars 2024.
L’hôpital universitaire d’État d’Haïti (HUEH), le plus grand centre hospitalier du pays, situé au bas de la ville, est lui aussi sous le contrôle de bandes armées depuis le mois d’avril. Dans ce contexte, des hôpitaux comme l’hôpital Universitaire La Paix peinent à répondre à l’afflux massif de blessés par balles, et les stocks de médicaments s’épuisent rapidement.
Une dépendance critique aux importations
Selon Pierre Hugues Saint-Jean, président de l’Association des pharmaciens d’Haïti, le pays dépend à près de 70 % des importations pour ses besoins en produits pharmaceutiques. Les laboratoires locaux ne couvrent que 25 à 30 % de la demande nationale, et les produits tels que les solutés, les injectables et les réactifs de laboratoire proviennent intégralement de l’étranger.
La fermeture quasi-totale des ports et aéroports, en raison de l’insécurité généralisée, complique encore davantage l’approvisionnement. « Toute perturbation au niveau des points d’entrée affecte immédiatement la disponibilité des médicaments sur le marché », explique M. Saint-Jean.
Une menace pour les patients atteints de maladies chroniques
Les conséquences de cette crise sont particulièrement inquiétantes pour les patients souffrant de maladies chroniques. Si la situation perdure, les dépôts pharmaceutiques ne pourront plus approvisionner les centres de santé, menaçant la continuité des traitements pour des milliers de patients.
Une urgence nationale
La situation met en lumière l’extrême vulnérabilité du système de santé haïtien, déjà affaibli par des années d’instabilité. Si aucune mesure n’est prise pour sécuriser les ports et aéroports et garantir la distribution des médicaments, la crise sanitaire pourrait atteindre un point critique, mettant en péril la vie de nombreux citoyens.
Likenton JOSEPH
Vant Bèf Info (VBI)