Illusions numériques et détresse psychologique : L’illettrisme médiatique chez les adolescents
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À l’ère du numérique, où les réseaux sociaux occupent une place centrale dans la vie des jeunes, l’illettrisme médiatique se pose comme un enjeu de société majeur. Au-delà de la simple incapacité à décrypter l’information, cet illettrisme revêt une dimension psychologique alarmante, exacerbant la détresse chez les adolescents. La psychologue Johane Landrin nous éclaire sur les dangers psychologiques que courent ces jeunes face à ce phénomène.
Les réseaux sociaux : un miroir déformant de la réalité
Port-au-Prince, le 14 août 2024 – De plus en plus, les adolescents se retrouvent immergés dans un univers numérique où les réseaux sociaux, tels qu’Instagram, Snapchat ou TikTok, projettent des vies idéalisées, souvent éloignées de la réalité. Ces plateformes, avec leurs mises en scène soigneusement orchestrées, créent une illusion que de nombreux jeunes perçoivent comme la norme. « En pleine construction identitaire, les adolescents sont particulièrement vulnérables à ces images. Ils les prennent pour modèle et, ne parvenant pas à les atteindre, développent un sentiment de dévalorisation », explique Johane Landrin.
Conséquences psychologiques : de la dévalorisation à la dépression
Cette quête de validation sociale, nourrie par les comparaisons incessantes avec ces représentations faussées, plonge de nombreux adolescents dans une spirale de dévalorisation. « L’incapacité à vivre ce qu’ils perçoivent comme « la meilleure vie » peut conduire à des états de dépression chronique. Dans les cas les plus graves, cela peut même mener à des pensées suicidaires », alerte la psychologue.
Les réseaux sociaux, conçus pour captiver par des images frappantes, deviennent ainsi des catalyseurs d’émotions négatives. La recherche d’approbation à travers les publications personnelles se transforme en un cercle vicieux où chaque absence de reconnaissance renforce le sentiment d’échec et de tristesse.
Désinformation et exposition à des contenus traumatisants
L’illettrisme médiatique ne se limite pas à l’incapacité de comprendre ou d’analyser l’information, mais englobe également l’ignorance des impacts psychologiques que certains contenus peuvent provoquer. Fake news, images choquantes ou traumatisantes circulent librement sur les réseaux, exposant les jeunes à des risques psychiques importants. « Les adolescents peuvent être profondément marqués par ce qu’ils voient en ligne, parfois sans s’en rendre compte immédiatement », note Landrin. Cette exposition continue à des contenus perturbants peut laisser des séquelles durables, alimentant des états d’anxiété ou de dépression.
L’urgence d’une éducation aux médias
Face à ce constat préoccupant, Johane Landrin plaide pour une éducation médiatique renforcée. « Il est essentiel que les jeunes développent une conscience critique face aux contenus qu’ils consomment. L’éducation aux médias doit devenir une priorité pour les protéger des dangers liés à une utilisation excessive des réseaux sociaux et des impacts psychologiques qu’ils peuvent en subir », affirme-t-elle.
Elle encourage également les parents et les éducateurs à sensibiliser les jeunes à l’importance de la connaissance de soi et de la régulation de leur consommation numérique. « Comprendre ses propres réactions émotionnelles face aux contenus en ligne est crucial pour se protéger des effets délétères de ce miroir déformant. »
En définitive, l’illettrisme médiatique est un enjeu complexe qui va bien au-delà de la simple compréhension des contenus. C’est une question de santé mentale, particulièrement pour les adolescents, qui sont les plus vulnérables face aux illusions et aux dangers des réseaux sociaux. L’éducation aux médias apparaît ainsi comme une réponse urgente pour aider les jeunes à naviguer dans cet environnement numérique de manière plus saine et consciente.
Deslande Aristilde
Vant Bèf Info (VBI)