Hôpital Général : irresponsabilité des autorités, drame évitable, vies sacrifiées…
Getting your Trinity Audio player ready...
|
Par Wandy CHARLES
Dans tout pays où la gouvernance repose sur la responsabilité, la transparence et le respect de la vie humaine, un tel drame aurait déjà provoqué des conséquences immédiates. Mais en Haïti, bien entendu, ces principes semblent appartenir à un autre univers.
Mardi 24 décembre 2024, l’Hôpital Général, symbole d’un système de santé moribond qu’on espérait voir renaître, est devenu le théâtre d’une tragédie sanglante. Une attaque armée menée par des gangs a coûté la vie à deux journalistes, un policier et un citoyen. Sept autres reporters, présents pour couvrir cet événement censé être un tournant positif, ont été grièvement blessés. Ce bain de sang, survenu dans un contexte d’absence totale de mesures de sécurité, est le résultat direct de l’insouciance et de la désinvolture de ceux qui nous dirigent.
Comment expliquer qu’un ministre ait maintenu un événement public dans une zone connue pour être contrôlée par des gangs, sans garanties de sécurité ? La Police Nationale d’Haïti (PNH) ne devrait-elle pas tirer la sonnette d’alarme pour prévenir les risques encourus ? Mais il n’en était rien. Résultat : des vies brisées, des familles endeuillées et un pays plongé encore un peu plus dans l’abîme de l’irresponsabilité étatique.
La responsabilité de la Police Nationale d’Haïti (PNH) doit également être questionnée. Pourquoi, malgré l’alerte lancée, une stratégie de sécurisation renforcée n’a-t-elle pas été mise en place pour protéger cet événement à haut risque ? Cette inaction révèle une fois de plus les failles dans la chaîne de commandement et le manque de coordination entre les services de sécurité. Plus troublant encore, où était le service d’intelligence et de renseignement du gouvernement dans cette affaire ? Son incapacité à anticiper ou à contrer une attaque aussi prévisible soulève des interrogations sur son rôle, ses moyens et sa réelle efficacité dans un pays où la menace des gangs domine.
Dans n’importe quelle démocratie fonctionnelle, la démission des responsables de ce drame aurait été une évidence. Les familles des victimes auraient déjà déposé plainte, et des enquêtes indépendantes auraient été lancées pour faire toute la lumière sur cette tragédie évitable. Mais en Haïti, ce scénario idéal reste une chimère.
Ce qui s’est passé à l’Hôpital Général n’est pas un simple accident. C’est un acte de négligence criminelle, une décision irresponsable prise en dépit des réalités du terrain. Organiser un événement public dans une zone hautement instable, en ignorant les recommandations de sécurité, revient à exposer délibérément des vies humaines à un danger mortel.
Les journalistes, premières victimes de cette désinvolture, ont payé le prix fort. Présents pour documenter et relater les faits, ils se sont retrouvés pris au piège dans un guet-apens. Ces professionnels, qui mettent leur vie en danger pour informer la population, méritent mieux que la négligence de l’État. Leur sacrifice est le reflet d’un système incapable d’assurer une protection minimale à ceux qui en ont le plus besoin.
En d’autres temps, en d’autres lieux, ce drame aurait déclenché des conséquences socio-politiques majeures. Mais en Haïti, l’inertie semble être la norme. Les familles des victimes, qui ont perdu des êtres chers dans des conditions aussi absurdes qu’inacceptables, méritent justice. Et cette justice ne peut se limiter à de simples déclarations de condoléances ou à des promesses vides. Elle exige des actions concrètes, des enquêtes rigoureuses et des responsabilités assumées.
Vant Bèf Info (VBI)