Haïti/Société : L’insécurité en Haïti, un problème de moyens, de compétences ou de volonté ?
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Les cas d’enlèvement et d’assassinat se multiplient ces dernières semaines en Haïti et particulièrement dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Les bandits agissent en toute quiétude et défient les forces de l’ordre à longueur de journée. Les citoyens ne sont pas dupes, la police est incapable, affirment-ils, d’affronter les bandits dans leurs fiefs mais qu’est ce qui l’empêche de réduire leurs marges de manœuvres en faisant en sorte qu’ils n’atteignent pas leurs bases, connues de tous, avec leurs victimes ? Le citoyen lambda s’interroge et se fait sa propre idée.
Port-au-Prince, le 24 septembre 2021. Au moins trois personnes ont été enlevées pour la seule journée du jeudi 23 septembre dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Il s’agit de la journaliste Frantzie Siméon, d’un cadre du ministère de l’économie et des finances Mackenley Mogène et de son frère.
Rien de nouveau pour les riverains de la zone métropolitaine de Port-au-Prince compte tenu de la recrudescence de l’insécurité, particulièrement des cas d’enlèvement ces dernières semaines. Les bandits semblent agir en toute quiétude.
La note de précision du 14 septembre dernier de la compagnie Digicel informant qu’il est techniquement possible de localiser deux abonnés en conversation à partir de son réseau n’a fait que renforcer les déclarations de son président Maarten Boute quelques mois plus tôt.
En effet, intervenant, en mai dernier sur Magic 9, le numéro un de la compagnie avait indiqué que les opérateurs fournissent régulièrement aux autorités policières, la DCPJ (Direction Centrale de la Police Judiciaire) des informations relatives à la localisation des kidnappeurs.
Le problème, disait Maarten Boute, ce n’est pas que les bandits utilisent des techniques pour se cacher mais ils gardent, dans la plupart des cas, leurs victimes à « Village de Dieu » et à « Grand-Ravine », des zones de non droit qui échappent complètement au contrôle des forces de l’ordre.
La Digicel n’a-t-elle pas fourni, avec précisions, des informations relatives à des conversations téléphoniques entre le premier ministre Ariel Henry et le fugitif Joseph Felix Badio (recherché pour le meurtre de Jovenel Moïse.) Badio se trouvait sur les lieux du crime et Henry à l’hôtel Montana, a confié la Digicel.
Quid de la meilleure stratégie de lutte contre le kidnapping. L’opinion du citoyen lambda
Si les forces de l’ordre ne peuvent pas affronter les bandits dans leurs fiefs, pourquoi laissent-elles ces derniers y emmener leurs victimes, s’interroge Jean-Pierre (nom d’emprunt) rencontré ce vendredi dans l’aire du Champ-de-Mars.
Pour lui, il ne fait aucun doute. Il y a un manque flagrant de volonté d’en finir avec ce fléau qui endeuille et appauvrit les familles, particulièrement au niveau de la classe moyenne, se désole ce jeune qui s’approche de la trentaine.
Jude, (lui aussi nom d’emprunt) qui se trouvait juste à ses côtés, a abondé dans le même sens. Il rappelle que le phénomène du kidnapping avait considérablement diminué lorsque le ministre de la justice Lucmane Délile avait utilisé des séparateurs en béton pour bloquer les voies d’accès à « Village de Dieu ».
Les bandits se trouvaient tellement en difficulté qu’ils ont dû faire pression sur le chef du gouvernement de l’époque, Joseph Jouthe, pour qu’il enlève les séparateurs, a-t-il encore rappelé.
Nous savons où ils séquestrent, dans la majorité des cas, leurs victimes. La police doit les empêcher d’y avoir accès, a-t-il indiqué.
Les citoyens interrogés par une équipe de Vant Bèf Info (VBI) sont unanimes. Avec de la volonté politique, on arrivera à réduire considérablement le phénomène du kidnapping. Pour cela, disent-ils, il faut que les autorités ne soient pas de mèche avec les bandits.
Vant Bèf Info (VBI)