Haïti – Reprise des territoires par la police : victoire durable ou illusion éphémère ?
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La Police nationale d’Haïti (PNH) semble avoir repris l’initiative face aux gangs armés qui terrorisent la population. Après plusieurs jours d’affrontements contre la coalition criminelle Viv Ansanm, les forces de l’ordre annoncent avoir repris le contrôle de plusieurs zones stratégiques de la capitale, longtemps livrées aux exactions de groupes criminels.
Port-au-Prince, 27 mai 2025 –
Si ces opérations suscitent un regain d’espoir dans la population, elles soulèvent aussi une question de fond : s’agit-il d’un réel tournant sécuritaire ou d’un simple répit dans une spirale de violence ?
Une capitale à genoux , un peuple à bout
Le pays traverse l’une des crises les plus graves de son histoire récente. La montée en puissance des gangs, qui contrôlent une grande partie de Port-au-Prince et plusieurs villes de province, a plongé les Haïtiens dans une insécurité quotidienne.
Grâce à des opérations coordonnées, la PNH affirme avoir repris le contrôle de quartiers tels que Kenscoff, Fusy, Pacot, ainsi que du bastion du redouté gang Kraze Baryè, dirigé par Vitelhomme Innocent.
« Nous espérons que les forces de l’ordre poursuivent leurs efforts pour que nous puissions enfin rentrer chez nous. Cette situation a trop duré », confie une résidente de Pernier, déplacée depuis plusieurs semaines.
Une paix fragile sans solution politique
Si les victoires policières offrent un soulagement temporaire, elles restent fragiles en l’absence de réformes structurelles. L’État, affaibli par la corruption et paralysé par l’impasse politique, peine à asseoir son autorité de manière durable.
« Tant que les jeunes n’auront pas d’alternatives à l’économie des gangs, la paix restera une illusion », avertit Yvon Fabien Lucien, sociologue.
« Le retour à la sécurité ne peut se maintenir sans investissements massifs dans les services publics essentiels : éducation, santé, infrastructures, emploi. Sans ces piliers, les racines de la violence continueront de prospérer », ajoute-t-il.
Transformer une victoire sécuritaire en victoire citoyenne
La reconquête des territoires ne saurait être qualifiée de victoire durable sans une transformation en profondeur. Si la présence policière est nécessaire, elle doit rapidement être relayée par une gouvernance locale crédible, transparente et inclusive.
C’est à cette condition que les Haïtiens pourront envisager de tourner enfin la page de l’instabilité chronique.
La récente avancée de la PNH constitue une lueur d’espoir dans un contexte de chaos prolongé. Mais pour qu’elle ne soit pas qu’une illusion passagère, elle devra s’inscrire dans une stratégie globale : sécurité, justice sociale et refondation institutionnelle doivent aller de pair.
Jean Gilles Désinord
Vant Bèf Info (VBI)