Haïti : Quand Rénald Lubérice douche des policiers qui commettraient des abus d’autorité
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Rénald Lubérice, ancien Secrétaire Général du Conseil des Ministres sous l’Administration du Président Jovenel Moïse, a énuméré plusieurs cas d’abus grave perpétrés par des agents de la police nationale. Ces actes portent le natif de Belladère à se demander si les citoyens ne devraient pas craindre davantage des policiers que les gangs armés. Nous publions in extenso un texte dans lequel, l’ancien haut fonctionnaire haïtien relate certains cas d’abus commis par des policiers.
Port-au-Prince, le 2 août 2023.-Le mardi 9 août 2022, le malheureux Madsen Paniague quittait Belladère, comme le faisait-il régulièrement, à bord d’un Hiace (petit autobus), pour se rendre à Port-au-Prince. C’est un jeune homme, comme tant d’autres, à qui la société n’offre pas grand chose. Paniague a pu se convertir en cambiste grâce à un petit crédit octroyé par une institution financière locale. Achetant quelques devises étrangères, il les revend sur le marché binational de Carizal. C’est ainsi qu’il prenait soin de sa famille.
Mais ce 9 août n’était pas son jour de chance. Descendant Morne à Cabri, sur la route nationale, le bus a fait l’objet d’une fouille policière. Il était environ 7h30 du matin. Il s’agissait vraisemblablement d’un backup de police provenant de la Croix-des-Missions, se nommant « Men l ap fè san » (il saigne). Fouillant les passagers du bus, les policiers ont remarqué l’argent que transportait Paniague dans son sac. Ils lui ont dit détenir un avis de recherche de la Direction centrale de la Police judiciaire (DCPJ) à son encontre et qu’il devait les suivre.
Depuis ce jour la famille de Paniague est sans nouvelles de lui. Toutes les recherches ont été vaines. La PNH n’a pas cru bon d’enquêter sur ce cas et d’en informer ses proches. C’est comme si Paniague n’avait jamais existé. Sa famille est plongée dans une souffrance indescriptible. Il avait une épouse et des enfants.
Le 7 juillet 2023 Waggens Dardompré dit Kiby a été froidement abattu dans la même zone. Jovenel Saint-Louis y a été kidnappé et libéré contre rançon. A sa libération, en bon citoyen, il s’est rendu à la DCPJ pour documenter son malheur. Il y a reçu un traitement pire que les traumatismes qu’il venait de subir par ses ravisseurs.
Le 31 juillet de cette même année, vers une heure du matin, un groupe d’hommes armés débarque dans l’entreprise KFM, faisant aussi office de domicile de Markenson Tenvil, l’un de ses propriétaires. Se réclamant de la DCPJ, non accompagnés de représentant de la justice ni du commissariat de Belladère. Ils ont prétendu chercher Marckenson Tenvil tout en réclamant la clef des coffres-forts. Tentant de s’échapper de ses ravisseurs le jeune homme a eu la jambe fracturée à plusieurs endroits.
Les hommes armés ont obtenu les clefs des coffres-forts de KFM, s’en sont servis à coeur joie et ont détruit ou saccagé les locaux à leur guise.
Le lendemain, un communiqué de la police a fait part d’une opération menée à Belladère durant laquelle deux personnes ont été arrêtées, 300 et quelques dollars, des armes et des munitions saisis.
Nous pouvons raisonnablement croire que si Marckenson Tenvil avait été attrapé, il aurait fini comme Paniague Madsen ou l’une des autres victimes de Belladère, vu les formes dans laquelle cette intervention a été faite: tard dans la nuit, sans informer les autorités judiciaires et policières de la zone, sans aucun mandat, avec un acharnement pour trouver où est ce que KFM cache son argent, dans un contexte où ces jeunes ont des compétiteurs commerciaux redoutables à Port-au-Prince.
La PNH doit prendre de sévères sanctions contre les agents impliqués dans ces actes illégaux, ils doivent être déférés par devant la justice. Les deux employés de KFM arrêtés doivent être immédiatement libérés.
La Police doit agir pour qu’elle inspire confiance aux citoyens. Elle ne peut agir comme les gangs armés. Au