Haïti-Politique : la mésaventure du Conseil électoral sous la présidence de feu Jovenel Moïse, selon trois anciens conseillers électoraux
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Trois anciens membres du Conseil électoral provisoire (CEP), nommés sous la présidence de Jovenel Moïse, partagent leur point de vue sur les difficultés rencontrées par cette institution. Esperancia César, ex-vice-présidente du CEP, Guy Romeus, ancien trésorier, et Antonio Detil, ancien membre du CEP, se remémorent les tensions politiques et les jeux d’intérêts qui ont empêché le Conseil de mener à bien sa mission.
Port-au-Prince, le 1er octobre 2024. Le 18 septembre 2020, le président Jovenel Moïse a mis en place un nouveau Conseil Électoral Provisoire (CEP) conformément à l’article 289 de la Constitution haïtienne. Cette initiative visait à éviter un vide constitutionnel en raison de l’absence d’organes électoraux fonctionnels, dans un contexte politique déjà tendu. Cependant, les efforts du CEP ont rapidement été freinés par des obstacles majeurs. En effet, il a été soumis à des pressions constantes, à la fois politiques et judiciaires, émanant d’adversaires déterminés à affaiblir son autorité. Le 22 septembre 2020, lors d’une cérémonie de prestation de serment sous haute tension, les fractures profondes du paysage politique haïtien se sont révélées au grand jour.
L’assassinat du président Jovenel Moïse, le 7 juillet 2021, a exacerbé la situation. Le CEP s’est retrouvé sous une immense pression, non seulement de la part des organisations de défense des droits humains et de l’opposition politique, mais également des médias, qui exigeaient une transition immédiate. Malgré ces turbulences, le CEP avait accompli 90 % des préparatifs pour un référendum et 80 % pour les élections générales prévues le 27 septembre 2021. Ces avancées auraient pu constituer une étape cruciale vers un renouveau démocratique en Haïti, ont expliqué les trois anciens conseillers électoraux.
Cependant, dans un coup de théâtre, le Premier ministre Ariel Henry a dissous le CEP le 27 septembre 2021, rappellent-ils. Cette décision, perçue comme une manœuvre politique, a exacerbé les tensions et plongé le pays dans une crise encore plus profonde. Les membres du CEP se sont retrouvés dans une position fragile, entravés dans leurs efforts pour garantir l’intégrité électorale. La dissolution du CEP a eu des répercussions graves, menaçant non seulement l’avenir démocratique du pays, mais aussi la confiance du peuple haïtien dans ses institutions, analysent Esperancia César, Guy Romeus et Me Antonio Detil.
Le nouveau CEP, sur le point d’être installé, n’est pas à l’abri des tensions. Les divergences internes, notamment entre les secteurs des droits humains et des femmes, qui peinent à désigner un représentant unanime au CEP sous l’ère de Garry Conille et du Conseil présidentiel de transition, en sont une preuve évidente.
Vant Bèf Info (VBI)