Haïti plaide sa cause à l’OEA : « Un moment de vérité », selon le ministre Jean Michel Moïse
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Le ministre haïtien de la Défense, Jean Michel Moïse, de retour d’un symposium de haut niveau organisé par l’Organisation des États américains (OEA) le 22 mai à Washington, a partagé avec Vant Bèf Info les temps forts de cette rencontre. Selon lui, ce forum régional a constitué « un moment de vérité pour Haïti ».
Port-au-Prince, 30 mai 2025 – Accompagné du conseiller présidentiel Smith Augustin et du ministre de la Justice, Me Patrick Pélissier, le ministre Moïse a représenté Haïti à ce symposium stratégique axé sur la crise sécuritaire haïtienne. L’objectif principal : sensibiliser les partenaires régionaux sur l’ampleur de la menace représentée par les gangs armés et ses répercussions régionales.

« Ce symposium a été l’occasion pour nous d’exposer de manière claire et directe la gravité de la situation que vit notre pays », a déclaré le ministre.
Une crise nationale aux effets transfrontaliers
Le conseiller présidentiel Smith Augustin a, dans une intervention remarquée, mis en lumière les conséquences migratoires de cette crise sur les pays voisins, notamment la République dominicaine, les Bahamas, le Brésil ou encore le Chili. Le ministre Moïse a renchéri :
« L’insécurité pousse nos concitoyens à fuir leur pays, ce qui a un impact direct sur les autres nations de la région. C’est pourquoi l’OEA doit s’impliquer de manière concrète. »
Plusieurs ambassadeurs présents se sont montrés réceptifs, exprimant leur volonté d’accompagner Haïti dans la recherche de solutions durables.
Un appel à la solidarité historique
Dans un rappel symbolique, Jean Michel Moïse a évoqué le rôle historique d’Haïti dans les luttes d’indépendance en Amérique latine, notamment sous Alexandre Pétion. Il a invité les pays de la région à manifester une solidarité équivalente envers Haïti aujourd’hui.
Comparant la situation actuelle à celle qu’a connue la Colombie face aux cartels et aux guérillas, il a souligné que, malgré les difficultés, Haïti peut rebondir avec un appui international coordonné.
Vers une armée nationale plus opérationnelle
Le ministre a également évoqué la remobilisation progressive des Forces Armées d’Haïti (FAd’H), amorcée en 2017. Actuellement, environ 1 000 soldats sont en poste, mais l’armée fait face à un grave déficit en équipements et en infrastructures.
Un budget rectificatif prévoit l’allocation de près de 5 milliards de gourdes pour moderniser la FAd’H. Un nouveau centre de formation est en construction à Tabarre, tandis que la base de Gressier a été temporairement fermée pour cause d’insécurité.
« Notre objectif est de doter le pays d’une armée capable d’assurer la sécurité des zones côtières et des frontières, notamment avec la République dominicaine », a expliqué le ministre, se disant fier des soldats « qui se livrent corps et âme dans la lutte contre l’insécurité grandissante ».
Il a salué l’appui du Mexique, qui accueillera 700 soldats haïtiens pour des formations en groupe de 150. Une coopération qu’il considère comme « un soutien de taille ».
Le ministre a conclu en soulignant la présence actuelle des FAd’H sur le terrain, notamment à Port-de-Paix et Thomassique, où elles participent à la sécurisation des ports et des zones frontalières.
Jean Gilles Désinord
Vant Bèf Info (VBI)