Haïti – Nouvelle Constitution : l’ANMH et l’AMIH lancent une série d’émissions explicatives

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Des leaders de la société civile et des experts invités pour débattre du bien-fondé du projet constitutionnel .Une première émission a été diffusée ce dimanche 8 juin 2025 sur plusieurs stations de radio et plateformes numériques, à l’initiative de l’ANMH et de l’AMIH. L’objectif : sensibiliser la population à l’avant-projet de Constitution en débat.

Delmas, mercredi 11 juin 2025–
Un débat public pour une réforme controversée
Portée par l’Association nationale des médias haïtiens (ANMH) et l’Association des médias indépendants d’Haïti (AMIH), une première émission d’explication a été diffusée le dimanche 8 juin 2025, réunissant des acteurs politiques, des juristes et des membres de la société civile.
Parmi les invités figuraient Gracien Jean, ministre chargé des questions électorales et constitutionnelles, le professeur et avocat Jacquenet Oxilus, ainsi qu’Enex Jean-Charles, président du comité de pilotage de la réforme constitutionnelle.
Un public composé d’élèves, d’étudiants et de représentants d’organisations de la société civile a assisté à la discussion, retransmise à la fois sur les ondes des stations affiliées à l’ANMH et l’AMIH, ainsi que sur les plateformes numériques.
Un texte à refonder ou à abandonner ?
Le débat s’est rapidement cristallisé autour de la nécessité même d’une nouvelle Constitution. Pour le comité de pilotage, la Constitution de 1987 serait dépassée, inadaptée aux réalités actuelles du pays. « Il faut réajuster la loi-mère à tous les points de vue », ont déclaré les partisans du changement.
Jacquenet Oxilus, avocat et professeur d’université, a ouvertement remis en question la pertinence d’un tel changement. « Il faut se demander quelle est la véritable motivation derrière cette volonté de remplacer la Constitution de 1987 », a-t-il déclaré. Selon lui, la loi fondamentale actuelle, bien que difficile à appliquer, représente un symbole de rupture avec la dictature et un socle de l’État de droit.
L’expert s’inquiète aussi des promesses non tenues du texte en chantier. « Je l’ai lu mille et une fois. Ça ne vaut pas la peine d’être applaudi », a-t-il tranché.
Des voix opposées s’affrontent
En réponse, le ministre Gracien Jean a défendu la réforme comme un acte de maturité démocratique. Il a mis en avant plusieurs avancées du nouveau texte : meilleure représentation des femmes, inclusion des régions à travers des consultations départementales, et plus de clarté dans le fonctionnement des institutions. « La population est prête à prendre son destin en main », a-t-il soutenu.
À distance, Enex Jean-Charles a lui aussi justifié l’avant-projet. Selon lui, les lourdeurs de la Constitution actuelle empêchent la mise en œuvre rapide des promesses électorales. « Le président était réduit à l’impuissance. Le nouveau texte veut corriger ces blocages », a-t-il affirmé.
Des inquiétudes persistantes sur le contenu et la méthode
Mais pour Maître Oxilus, au-delà du fond, c’est la forme qui pose problème. Il dénonce un climat défavorable à un débat serein, et s’oppose à la notion de « gouverneur » introduite dans le texte. « Ce terme est source d’ambiguïté et suscite la peur. S’il s’agit de décentralisation, on se trompe lourdement. Le travail est bâclé. Il faut reprendre depuis le début », a-t-il conclu.
Vant Bèf Info ( VBI)