Haïti : les massacres se succèdent et l’horreur prend place dans le quotidien des citoyens

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Le professeur Jean Barnave Chéron nous livre une nouvelle réflexion sur le drame des haïtiens, contraints de côtoyer l’horreur au quotidien avec des massacres qui se succèdent, des morts sans sépultures puisque les cadavres ou les restes des cadavres sont gardés par les démoniaques. Il interpelle les autorités et réclame la fin de cet abattoir humain.

Port-au-Prince, le 28 décembre 2024. « Depuis le massacre de Lassaline sous le règne de feu Président Jovenel Moïse, en passant par celui de Village de Dieu, dans la nuit du 11 au 12 mars 2021, dont 6 policiers étaient sacrifiés, la terreur s’est transformée en horreur dans la République », dénonce le professeur Chéron.

Il fait remarquer que les funérailles sans dépouilles deviennent une pratique acceptée par les familles des victimes, voire les autorités étatiques, puisque les cadavres ou les restes des cadavres sont gardés par les démoniaques.

De nombreux massacres ont eu lieu dans le pays ces dernières années. C’est le cas entre autres à Cabaret en novembre 2022 (plus de 20 morts), à Pont Sondé en octobre 2024 (des dizaines de morts) et à Cité Soleil, au wharf Jérémie récemment (plus de morts pour certains et plus de 150 pour d’autres).

« Pire encore, les escadrons de la mort sont aussi horrifiés et terrifiés, car ils ont reçu l’ordre de leur chef d’exécuter eux-mêmes leurs parents. Du jamais vu dans les tragédies humaines », souligne –t-il.

Il regrette que Port-au-Prince, la capitale d’Haïti, soit devenue, est sans la moindre surprise, un abattoir humain pendant que l’étau de l’horreur se resserre davantage.

Si le pays est coupé du reste du Monde, sous prétexte que trois avions auraient été atteints de projectiles à l’aéroport international Toussaint Louverture, la Capitale, pour sa part, est séparée du reste du pays, du fait qu’elle est prise en otage par des psychopathes, fédérés en une association criminelle dénommée « Vivre-ensemble ».

A Port-au-Prince, nous nous regardons mourir et nous sommes contraints de vivre, malgré nous, l’exécution féroce de nos proches, écrit-il dans cette tribune où il dénonce un complot qui viserait à exterminer tous les haïtiens qui refusent de céder le pays de Dessalines aux vrais faux amis.

Rien de concret n’est fait par ceux qui se disent dirigeants, pour arrêter cet abattoir humain. Pourtant, Village de Dieu, Pont-Sondé, Cabaret, Cité-Soleil, entre autres, se trouvent à quelques mètres des installations des forces de l’ordre, argue-t-il.

Alors que les autorités abandonnent les sièges du pouvoir dont le parlement, la primature, le palais de justice et même le palais national (où les conseillers-présidents ne siègent plus), Me Chéron se demande qui dirige encore Haïti.

« L’espace où abritait le Palais national, symbole de la grande Nation haïtienne, s’il n’est pas aux mains des puissants chefs de gang, c’est tout simplement parce que l’argent y coule à flot pour le bonheur des uns et des autres. La Cour de cassation qui se trouve en face du Palais national, est contrainte de fuir le Champ de Mars », fait-il remarquer.

Des haïtiens sont lynchés, brûlés vifs, par des haïtiens, à cause de la déchéance des politiciens sans conviction et sans caractères, dit-il, soulignant que les chars des forces de l’ordre n’ont pas pu empêcher des localités comme Fort national, Solino et Nazon de tomber aux mains des bandits.

Pourtant, fait-il remarquer, ce qui s’est passé dans la nuit du 18 au 19 novembre 2024, à Bourdon, à Canapé-Vert et à Pétion-Ville (où des dizaines de bandits ont été tués) est une preuve qu’il pourrait y avoir une cogestion parfaite entre la police et la population pour la question de sécurité qui est le premier des biens de l’homme, si la volonté politique de combattre la fédération des groupes terroristes « Vivre-ensemble » était une priorité.

Malheureusement, regrette-t-il, à la Villa d’Accueil et à la Primature, on ne contrôle même pas Musseau. Le pays est naufragé dans cette descente aux enfers, faute de dirigeants. Pourtant, porter secours à personnes en danger est un prescrit constitutionnel, un devoir civique, une obligation citoyenne.

Il pense que le peuple haïtien est en droit de connaître l’identité de celui ou ceux qui permettront aux enfants de retourner à l’école, en toute quiétude d’esprit, qui donneront la chance aux étudiants de reprendre leurs activités académiques, qui permettront aux centres commerciaux, aux maisons de commerce, aux magasins, aux boutiques, aux grossistes, aux détaillants de reprendre le goût du business et qui écarteront du pays le spectre de la destruction.

Voilà pourquoi, il interpelle les dirigeants, très bien entretenus avec l’argent des contribuables, leur rappelant responsabilité de faire échec à ce plan de destruction, pour rendre Haïti vivable et leur obligation de réussir cette transition, car, rappelle-t-il, le 7 février 2026, des dirigeants élus démocratiquement par le peuple et non par l’international, devront prendre les commandes du pouvoir.

Dodeley Orélus

Vant Bèf Info (VBI)