Haïti : Le Premier ministre fait obstruction à l’enquête sur l’assassinat de Jovenel Moïse, selon Washington Post

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Le Premier Ministre Ariel Henri a commis une grave erreur pour avoir refusé de collaborer dans le cadre d’une enquête qui a encore déstabilisé Haïti,  à la suite non seulement du meurtre du chef de l’État, mais aussi, coup sur coup, d’un tremblement de terre dévastateur et d’une tempête tropicale, a écrit  le journal américain Washington Post,  dans son éditorial daté du 15 septembre 2021. Selon le journal, une enquête du Département d’État pourrait fournir l’incitation nécessaire pour que M. Henry fournisse une explication publique de ses prétendus appels téléphoniques avec Joseph Felix Badio, l’un des présumés assassins de M. Moïse.
 
New York, le 17 septembre 2021.- Une  lueur du jour peut éclairer une raison de l’échec abject de la justice : l’implication criminelle possible du  Premier ministre d’Haïti, écrit le Washington Post,  dans son éditorial du 15 septembre dernier. Le journal américain a rappelé que  cette semaine, le premier ministre  Ariel Henry, a licencié un procureur de haut rang, qui a d’abord cherché à l’interroger sur l’assassinat, puis à l’inculper au pénal et à lui interdire de quitter le pays. Outrageusement, M. Henry l’a fait sans explication aux autorités judiciaires ou à ses compatriotes, au-delà d’affirmer que le procureur avait commis de « graves erreurs administratives ».

En fait,  poursuit le journal , la grave erreur est celle de M. Henry  pour avoir bloqué puis fait obstruction à  une enquête qui a encore déstabilisé Haïti à la suite non seulement du meurtre du chef de l’État, mais aussi, coup sur coup, d’un tremblement de terre dévastateur et d’une tempête tropicale. Si, comme l’a allégué le procureur désormais remplacé, Bed-Ford Claude, M. Henry a parlé deux fois par téléphone peu après le meurtre à l’un des principaux suspects sur les lieux. Un ancien fonctionnaire du gouvernement qui est maintenant en cavale, il faut dire pourquoi, s’interroge Washington Post  qui souligne que le refus du premier ministre de coopérer avec la justice  ne fait qu’approfondir les soupçons selon lesquels il  a joué un rôle dans le meurtre.

Les États-Unis, qui ont occupé Haïti pendant près de deux décennies il y a un siècle, y exercent une influence démesurée, avance  le journal américain. Une enquête du Département d’État, selon Washington Post, pourrait fournir l’incitation nécessaire pour que M. Henry fournisse une explication publique de ses prétendus appels téléphoniques à 4 heures du matin la nuit de l’assassinat, environ trois heures après que Moïse ait  été abattu, à l’ancien responsable en fuite, Joseph Félix Badio.

L’administration Biden, ainsi que d’autres puissances internationales clés, ont soutenu l’ascension de M. Henry au poste de Premier ministre en dépit de sa contestation  dans les jours qui ont suivi l’assassinat.
Neurochirurgien de 71 ans et ancien fonctionnaire du gouvernement, il était considéré comme un homme d’État âgé et le meilleur espoir de promouvoir un minimum de calme. Le Washington Post pense que  les derniers événements suggèrent maintenant que l’espoir est une chimère  et l’administration Biden  et ses alliés  ne peuvent pas détourner les yeux des difficultés d’Haïti.

Au moins 40 suspects sont en détention dans le cadre de l’assassinat le 7 juillet de l’ancien président haïtien Jovenel Moïse, mais aucun ne semble avoir été le cerveau ou le trésorier derrière le crime, qui a laissé un dangereux vide de pouvoir dans un pays déjà ravagé par le crime et la pauvreté, conclut le journal.  

Vant Bef Info (VBI)