Haïti : Le Conseil de sécurité de l’ONU tourne toujours en rond sur l’envoi d’une force armée pour combattre les gangs

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Alors que la situation en Haïti s’envenime , le Conseil de sécurité de l’ONU s’est mis d’accord ce mercredi sur la nécessité de soutenir le pays immédiatement , mais n’a donné aucun signe de pouvoir débloquer pour l’instant l’envoi d’une force internationale pour combattre les gangs armés qui terroriser la population.

Washington, le 26 avril 2023._Selon les Nations unies, la situation est de plus en plus pressante, surtout après la récente flambée de violences qui a fait 70 morts en quelques jours seulement, entre le 14 et le 19 avril , dans des affrontements entre gangs rivaux à Cité Soleil, le plus grand bidonville de Port-au-Prince.

« La violence des gangs se propage à un rythme alarmant dans des zones auparavant considérées comme relativement sûres à Port-au-Prince et en dehors de la capitale », a déclaré au Conseil de sécurité la nouvelle émissaire de l’ONU pour le pays, María Isabel Salvador.

Les meurtres, les viols et les enlèvements sont devenus pratiquement ininterrompus dans certaines parties d’Haïti, les crimes violents ayant doublé au premier trimestre de cette année par rapport à la même période en 2022.

Selon Salvador, face à l’incapacité des autorités, certains civils « ont commencé à essayer de prendre les choses en main », comme en témoigne le récent lynchage de plus d’une dizaine de membres présumés de gangs.

L’un après l’autre, les quinze pays du Conseil de sécurité ont convenu qu’Haïti vit une situation critique et a besoin d’un soutien international, mais pour l’instant la grande inconnue reste en suspens : quel pays est prêt à diriger une force armée pour aider la Police haïtienne à combattre les gangs?

AUCUNE FORCE INTERNATIONALE

Washington a déclaré ce mercredi qu’il « continue de travailler avec un nombre croissant de partenaires internationaux pour répondre aux besoins urgents du pays en matière de sécurité », tandis que le Canada a fait remarqué qu’il avait décidé d’augmenter son soutien en matière de formation et d’équipement pour la police haïtienne, mais n’a pas non plus parlé de la possibilité de déployer des forces sur le terrain.

La cheffe du BINUH, nommé en mars et qui n’a passé qu’une semaine dans le pays jusqu’à présent, a estimé qu’il est nécessaire de « trouver des moyens innovants pour définir la force d’appui à la Police nationale d’Haïti ».

« Haïti a besoin d’une aide immédiate pour répondre à la violence croissante des gangs et développer sa police », a déclaré Salvador, qui a insisté sur le fait que « les Haïtiens ne peuvent pas attendre » et que le monde doit agir « maintenant ».

Pour les Nations unies, bien que des mesures telles que le régime de sanctions créé par le Conseil de sécurité, le dialogue politique en Haïti et l’aide humanitaire soient très importantes, rien ne sera durable si la situation sécuritaire n’est pas fixée

Pour l’ONU, si aucune action n’est entreprise sur la crise haïtienne, il pourrait y avoir un effet de contagion dans la région avec de graves conséquences, un message également souligné par le ministre dominicain des Affaires étrangères, Roberto Álvarez, qui a parlé d’une « situation insoutenable ».

« Nous assistons aujourd’hui à la dissolution de l’État haïtien », a déclaré Álvarez, qui a sévèrement critiqué l’inaction de la communauté internationale face à la situation en Haïti et surtout dans sa capitale, qu’il jugeait « comparable à celle d’un conflit armé interne. »

Yves Manuel

Vant Bèf Info (VBI)