Haïti : le calvaire des étudiants face à la montée de l’insécurité
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Depuis quelque temps, l’insécurité en Haïti atteint des sommets alarmants. Les actes de violence se multiplient, touchant même des institutions sensibles. Les étudiants particulièrement vulnérables dans ce climat délétère, sont confrontés à de nombreux obstacles qui paralysent leur parcours académique.
Port-au-prince,mercredi 18 décembre 2024
Des universités paralysées
L’insécurité, notamment dans les quartiers de Port-au-Prince où se concentrent la majorité des universités, a perturbé le fonctionnement normal des établissements scolaires et universitaires. La peur des violences, oblige les étudiants à rester chez eux, dans l’incertitude de pouvoir un jour reprendre leurs cours.
Certaines universités ont dû fermer leurs portes. Pire encore, leurs locaux sont parfois occupés par des déplacés ayant fui les violences. Cette situation met en lumière une réalité préoccupante : en touchant les institutions éducatives, l’insécurité menace l’un des derniers piliers essentiels au développement du pays.
Certaines institutions, conscientes des enjeux, tentent d’adopter des alternatives. Certaines universités, comme la Faculté de Linguistique Appliquée (FLA) de l’Université d’État d’Haïti (UEH), ont abandonné leurs locaux depuis février 2024 et opté pour des cours en ligne. Toutefois, cette stratégie est loin d’être idéale. Les problèmes récurrents d’accès à Internet et d’électricité rendent ces efforts difficiles impactant la qualité de l’enseignement.
Témoignages poignants
Cherlie, étudiante dans une université privée, témoigne :
Je ne peux plus me rendre en cours depuis février dernier, notamment après les événements qui ont conduit au départ de l’ancien Premier ministre Ariel Henry. L’université est située dans une zone contrôlée par des gangs, je ne peux pas y accéder.
Elle partage ses inquiétudes :
Pour aller à l’université, je dois traverser des zones extrêmement dangereuses comme carrefour Drouillard, carrefour de ll aéroport et Nazon. Je me demande si je pourrai un jour terminer mes études.
Pour beaucoup, l’abandon des études n’est pas volontaire, mais imposé par les circonstances. Parmi les déplacés, on compte de nombreux étudiants. Sébastien, étudiant à la Faculté des Sciences Humaines (FASCH), a dû fuir avec sa famille et se réfugier au Lycée des Jeunes Filles.
Je suis frustré, en colère, et profondément attristé de voir ma mère et ma petite sœur dans une situation aussi précaire. Comment se concentrer sur mes études dans de telles conditions ? s’indigne-t-il.
L’insécurité, un fardeau insoutenable
La situation est encore plus dramatique pour certaines jeunes femmes. Une étudiante en comptabilité de l’Université Polyvalente d’Haïti (UPH), contrainte de quitter sa maison à Nazon, exprime sa peur
J’ai peur d’être violée. Je vis dans un abri de fortune, je ne mange pas à ma faim et je ne sais pas quand cela finira. Je suis là mais je ne vis pas.
Un appel à l’action
Face à ce calvaire, les étudiants appellent les autorités à agir. Les dirigeants doivent prendre des mesures pour nous permettre de rentrer chez nous et de retrouver un semblant de normalité , implore Sébastien.
Malgré les tentatives d’adaptation avec des cours en ligne, la situation demeure critique. Les étudiants soulignent l’urgence d’une réponse concrète pour leur permettre d’étudier en toute sécurité et de préserver l’avenir du pays.
Jean Gilles Desinord
Vant Bèf Infos (VBI)