Haïti : La messe chrismale, symbole d’une Église en exil
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L’archidiocèse de Port-au-Prince célèbre désormais sa messe chrismale dans des lieux de plus en plus éloignés de son centre historique. Jadis tenue à la cathédrale Notre-Dame, détruite en 2010, la liturgie a, tour à tour, été déplacée vers Sacré-Cœur, Saint-Louis Roi de France, Christ-Roi, et désormais l’église Saint-Pierre à Pétion-Ville. Une itinérance forcée qui illustre les mutations d’une Église catholique haïtienne confrontée à l’insécurité généralisée.

Pétion-Ville, 18 avril 2025 – Célébrée durant la Semaine Sainte, la messe chrismale occupe une place centrale dans la vie liturgique. Elle réunit les prêtres autour de l’évêque pour la bénédiction des huiles saintes et le renouvellement des engagements sacerdotaux. Pourtant, dans un contexte marqué par la violence des gangs et l’effondrement de l’ordre public dans plusieurs quartiers de la capitale, cette célébration se déroule depuis plusieurs années dans un climat de tension.
Une Église déplacée, une foi qui persiste
L’impossibilité d’accéder à certains lieux de culte, les menaces pesant sur les fidèles, et l’absence de reconstruction de la cathédrale détruite ont peu à peu poussé l’Église à se replier vers des zones considérées comme plus sûres. Pétion-Ville, encore relativement par les violences, est devenue une solution par défaut.
Mais ce déplacement ne va pas sans douleur. Il symbolise l’exil intérieur d’une Église privée de ses lieux symboliques et forcée d’adapter ses rites à un environnement instable. C’est tout un pan du patrimoine spirituel et culturel haïtien qui se trouve ainsi relégué, repoussé à la périphérie d’une ville meurtrie.
Une foi résiliente, malgré l’urgence
Malgré les menaces, les prêtres répondent présents. Les fidèles continuent de se déplacer, souvent au péril de leur sécurité. Pour beaucoup, la foi reste un repère, un refuge moral dans un pays en proie au chaos. Et tant que les croyants persistent à se rassembler, la messe chrismale conserve toute sa portée spirituelle.
Loin de son berceau, l’Église catholique en Haïti poursuit sa mission. En mouvement, certes, mais debout.
Mederson Alcindor
Vant Bèf Info (VBI)