Haïti : la jeunesse face à l’exil et à des rêves brisés

Getting your Trinity Audio player ready...
|
Haïti est en crise. Les jeunes, femmes et enfants, ainsi que l’ensemble de la population, demandent un nouveau départ. Mais les dirigeants actuels semblent indifférents à ces appels désespérés, plongeant le pays dans un chaos de plus en plus profond. Les ambitions des jeunes sont écrasées par l’absence d’opportunités et l’insécurité, les poussant à quitter massivement leur pays en quête d’un avenir meilleur.

Port-au-Prince, le 29 mars 2025 –
La jeunesse haïtienne, qui devrait incarner l’avenir et l’espoir de la nation, se trouve aujourd’hui piégée dans un système qui ne lui offre ni perspectives d’avenir, ni sécurité. Entre insécurité, chômage et absence de réelles actions gouvernementales, nombreux sont ceux qui se sentent abandonnés.

Un exode désespéré
Face à l’absence d’opportunités professionnelles et à la violence omniprésente, de plus en plus de jeunes haïtiens choisissent l’exil. En 2023, plus de 100 000 Haïtiens ont émigré vers les États-Unis dans le cadre d’un programme humanitaire, dont une grande partie de jeunes. Par ailleurs, environ 33 000 Haïtiens ont traversé la jungle du Darién, dans l’espoir d’une vie meilleure. L’exil devient ainsi une solution pour beaucoup, plutôt que de rester dans un pays en crise.
Des témoignages poignants
Ronald Révolus, 24 ans, raconte : « Mon rêve, c’était de devenir ingénieur, mais je n’ai pas les moyens de payer mes études. Les gangs nous ont chassés de notre maison, et maintenant on ne sait plus quoi faire. » Malgré tout, Ronald espère rejoindre la République dominicaine pour tenter de reconstruire sa vie.
Ces dernières années, les départs vers l’étranger se sont accélérés, avec des visas pour le Brésil, le Chili, ou des voyages clandestins vers les États-Unis. Ces trajets sont parfois risqués et coûteux, mais l’exil est perçu comme la seule échappatoire à une vie sans avenir. En 2022, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a recensé 686 décès de migrants à la frontière entre les États-Unis et le Mexique, un chiffre qui souligne la dangerosité de ces migrations.
Des solutions inexistantes pour ceux qui restent
Ceux qui n’ont pas les moyens de partir se retrouvent souvent contraints de rejoindre la Police nationale ou, pire, d’être recrutés par des gangs armés qui sèment la terreur dans le pays. L’absence de sécurité et de possibilités d’emploi pousse ainsi une partie de la jeunesse vers la violence et le désespoir.
L’appel d’un économiste : un pays sans avenir
L’économiste Enomy Germain, dans une émission sur Guy Wewe Radio, déclare : « Il est plus facile de mourir en Haïti qu’en Ukraine », soulignant la gravité de la situation actuelle, où la crise est ignorée par les autorités.
Une résistance malgré tout
Cependant, certains jeunes refusent l’exil comme seule issue. Marie-Denise, une entrepreneuse du Bas-Plateau Central, déclare : « Partir, c’est laisser le pays s’effondrer. Moi, je veux rester et construire quelque chose d’utile à ma communauté. »
Le défi pour les autorités
Pour limiter cette fuite des jeunes, les autorités haïtiennes doivent agir rapidement. Il est essentiel d’offrir des opportunités : éducation, emploi, sécurité et stabilité. Sans cela, le pays risque de perdre ses forces vives et de se condamner à un avenir sans jeunesse.
Si les autorités ne prennent pas des mesures urgentes pour rétablir la paix et la sécurité, Haïti risque de devenir un pays sans avenir pour ses jeunes. Il est temps de choisir entre offrir une alternative ou condamner une génération.
Likenton JOSEPH
Vant Bèf Info (VBI)