Haïti-Insécurité : l’effet Mario Andrésol tarde à se faire sentir
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Un mois après sa prise de fonction, Mario Andrésol n’a pas encore marqué l’opinion publique. Et ce, malgré la montée en puissance de l’insécurité dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince. Si, au départ, Mario Andrésol était perçu comme un sauveur potentiel, force est de constater qu’il est aujourd’hui largement absent des radars.
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Port-au-Prince, le 16 février 2024. – Super Mario est de retour. C’est par ces mots que Mario Andrésol a été accueilli après l’annonce de sa nomination. Sur la toile, son retour avait suscité un véritable soulagement, comme un phare d’espoir face à la vague de violence qui secoue Haïti. Mais aujourd’hui, tout ne se passe pas comme prévu.
Pendant que Mario Andrésol assume ses fonctions à la Secrétairerie d’État à la Sécurité publique (SESP), la situation sur le terrain semble empirer. Récemment, les bandits ont intensifié leurs attaques sur la commune de Kenscoff, provoquant près de cent morts et des milliers de déplacés. Les forces de l’ordre semblent débordées, et les actions du secrétaire d’État tardent à produire les résultats escomptés.
Des émissions de radio, des rencontres institutionnelles, et des déclarations publiques : voilà pour le bilan, en ce premier mois, de Mario Andrésol à la tête de la Secrétairerie d’État à la Sécurité publique. Une présence qui, à ce stade, n’a pas semblé apporter de solutions tangibles aux problèmes de sécurité.
Lors de son installation, Mario Andrésol avait pourtant averti que l’on ne pouvait pas s’attendre à des miracles. Néanmoins, la population s’attendait à des actions concrètes face à la montée du banditisme. Et dans l’intervalle, alors que les bandits poursuivent leurs offensives sur Kenscoff, la question reste : Mario Andrésol pourra-t-il redresser la barre dans les prochains jours ?
Qu’est-ce que la Sécurité Publique ?
La sécurité publique désigne l’ensemble des actions, institutions et politiques mises en place pour garantir la protection des citoyens et maintenir l’ordre public au sein d’un État. Elle vise à prévenir et à réprimer les crimes et délits, mais également à protéger les individus et les biens, tout en veillant au respect des droits fondamentaux. Cette définition est en accord avec les principes du droit international, comme le stipule l’Article 3 de la Déclaration universelle des droits de l’homme (1948), qui reconnaît à toute personne le droit à la sécurité et à la protection contre les abus.
En Haïti, la sécurité publique est assurée par un ensemble d’organes, dont la Police Nationale d’Haïti (PNH), placée sous l’autorité du Ministère de la Justice et de la Sécurité Publique (MJSP), et, plus spécifiquement, la Secrétairerie d’État à la Sécurité publique (SESP). La SESP, créée entre 1996 et 1997, joue un rôle stratégique dans la coordination des efforts de sécurité intérieure (Décret du 29 novembre 1994 relatif à la création de la PNH). Elle assure la mise en œuvre des politiques publiques en matière de sécurité intérieure, dans le cadre des directives du gouvernement haïtien.
Le Rôle du Secrétaire d’État à la Sécurité Publique
Le rôle du Secrétaire d’État à la Sécurité publique ne se limite pas simplement à combattre le banditisme ou à lutter contre les gangs armés, bien que cette fonction soit essentielle dans le contexte actuel. La sécurité publique englobe une série d’autres responsabilités cruciales, telles que la prévention de la violence, la protection des droits de l’homme, la sécurisation des institutions publiques, et le renforcement de la cohésion sociale. Le secrétaire d’État doit veiller à la mise en œuvre d’une politique de sécurité globale et durable, en lien avec d’autres institutions étatiques et partenaires internationaux.
En Haïti, la Secrétairerie d’État à la Sécurité publique a pour mission principale de coordonner les différentes actions des forces de sécurité, en particulier la PNH, tout en s’assurant que les actions policières respectent les politiques publiques décidées par le gouvernement. Le Secrétaire d’État doit également assurer la supervision des opérations de sécurité, en veillant à ce que la PNH, malgré son autonomie, fonctionne de manière cohérente avec les orientations gouvernementales (Constitution de la République d’Haïti, 1987, amendée, Article 133-135). Cette responsabilité dépasse le cadre de la simple lutte contre le banditisme, puisqu’il s’agit de garantir un environnement sécurisé pour tous les citoyens, d’assurer le bon fonctionnement des institutions publiques, et de promouvoir la stabilité sociale.
Un Mois Après : l’absence de résultats concrets
Bien que le rôle du Secrétaire d’État à la Sécurité publique soit de grande envergure, la réalité du terrain, comme l’attaque de Kenscoff, montre que les actions doivent être plus immédiates et efficaces. Les déclarations publiques et les réunions de coordination sont certes importantes, mais elles doivent être accompagnées de mesures concrètes et visibles pour la population. Un mois après sa prise de fonction, Mario Andrésol doit désormais agir avec urgente détermination pour garantir la protection des citoyens et rétablir la confiance dans les institutions de sécurité publique.
Un paradoxe à résoudre
Le retour de Mario Andrésol a été accueilli avec un grand espoir, mais la situation actuelle soulève des doutes. Si son rôle n’est pas limité à la lutte contre les gangs, il est clair que la population attend plus que des discours et des réunions. Le secrétaire d’État doit désormais se transformer en acteur de terrain, capable de donner des résultats tangibles dans la lutte pour la sécurité publique. La question qui demeure est : Mario Andrésol saura-t-il redonner à la sécurité publique la place qu’elle mérite ? Seul le temps le dira.
Vant Bèf Info (VBI)