Haïti/Insécurité : l’éducation menacée par la violence des groupes armés, alerte l’UNICEF

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Genève, 28 février 2025 – En Haïti, la violence des groupes armés plonge le système éducatif dans une crise sans précédent. Rien qu’en janvier, 47 écoles ont été détruites à Port-au-Prince, s’ajoutant aux 284 établissements attaqués en 2024. Résultat : des centaines de milliers d’enfants sont privés d’apprentissage.

Une école sous le feu des groupes armés

Lors d’un point de presse au Palais des Nations, Geetanjali Narayan, représentante de l’UNICEF en Haïti, a tiré la sonnette d’alarme. « La violence qui s’intensifie fait de l’éducation une cible directe », a-t-elle déclaré. Pour de nombreux enfants haïtiens, l’école était le dernier refuge. Aujourd’hui, elle est en train de s’effondrer.

Des images accablantes témoignent de cette réalité : des élèves recroquevillés au sol, terrorisés par les tirs. « Les conséquences dépassent largement les salles de classe », a insisté Mme Narayan, rappelant que l’absence d’éducation fragilise toute une génération.

Un million d’enfants menacés de déscolarisation

Les chiffres sont alarmants. Entre les attaques, les déplacements forcés et la pauvreté, l’UNICEF estime qu’un enfant sur sept est déjà déscolarisé. Pire encore, près d’un million risquent d’abandonner l’école, faute de conditions et de moyens.

Cette crise favorise le recrutement forcé d’enfants par les groupes armés, un phénomène en hausse de 70 % l’an dernier. Jusqu’à la moitié des membres de ces groupes seraient des mineurs, certains âgés d’à peine huit ans.

« Un enfant déscolarisé est un enfant vulnérable », a averti Mme Narayan. Sans éducation, ils deviennent des cibles faciles pour la criminalité et l’exploitation.

Un combat pour les familles, une réponse insuffisante

Malgré les crises successives, l’éducation reste un pilier de la société haïtienne. Les parents, conscients de son importance, continuent de se battre pour envoyer leurs enfants à l’école, parfois au prix d’énormes sacrifices.

Face à cette urgence, l’UNICEF tente de maintenir l’accès à l’éducation avec plusieurs initiatives :

  • Réhabilitation des écoles détruites et création d’espaces temporaires
  • Réintégration des enfants déplacés
  • Cours de rattrapage et soutien psychosocial
  • Distribution de kits scolaires et aides financières aux familles

Mais le financement fait défaut. Sur les 38 millions de dollars nécessaires pour aider 600 000 enfants, seuls 5 % des fonds ont été collectés.

« Sans soutien financier, nous condamnons ces enfants à un avenir sans espoir », a conclu Mme Narayan. Aujourd’hui, l’éducation en Haïti n’est pas seulement en crise : elle est en train de disparaître sous les yeux du monde.

Judelor Louis Charles
Vant Bèf Info (VBI)

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