Haïti face à la suspension de l’aide américaine : défis et enjeux en matière de sécurité

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La suspension de l’aide américaine vis à vis d’ Haïti pourrait avoir des conséquences sévères, en particulier sur le secteur de la sécurité. C’est le constat dressé par l’expert en sécurité Ricardo Germain. Il a  souligné l’impact considérable du soutien des États-Unis au renforcement des  capacités des forces de l’ordre haïtiennes. 

Un appui structurant pour la Police nationale d’Haïti

Port-au-Prince le 5 février 2025: Selon M.Germain , depuis des décennies, l’USAID s’est imposée comme un partenaire clé du gouvernement haïtien, notamment dans le domaine de la sécurité. L’organisme américain a financé la construction de plus de 20 commissariats depuis 2010, contribuant ainsi à l’expansion du maillage territorial de la Police nationale d’Haïti (PNH). Mais son rôle ne se limite pas aux infrastructures : il englobe aussi un appui technique, logistique et sanitaire essentiel au bon fonctionnement des forces de l’ordre. 

Toutefois, lorsqu’il s’agit d’équipements spécialisés et de formations tactiques avancées, c’est le Bureau de International Narcotics and Law Enforcement Affairs (INL) qui se positionne en acteur majeur. 《En 2023, l’INL a investi plus de 10 millions de dollars pour renforcer les capacités du SWAT Team et de l’Unité Tactique Anti-Gang (UTAG), portant les effectifs du SWAT de 50 à 200 agents et finançant l’acquisition de matériels spécialisés》, a indiqué M.Germain. 

Une posture américaine plus nuancée envers les FAd’H 

Si le soutien à la PNH est bien structuré, selon l’expert Ricardo Germain celui aux Forces armées d’Haïti (FAd’H) a toujours été plus hésitant. Depuis leur réactivation en 2017, Washington a imposé des conditions strictes avant d’apporter son assistance. Il a également souligné que ce n’est qu’en 2024 que les États-Unis ont affiché une volonté plus claire d’accompagner les FAd’H, avec des discussions préliminaires sur l’acquisition d’équipements et des formations spécialisées. Mais cette dynamique est brusquement interrompue sous l’ère Trump. 

Quelle alternative pour Haïti ? 

L’arrêt de cette coopération met en évidence la dépendance structurelle d’Haïti  des financements extérieurs. Pour Ricardo Germain, il est impératif que le pays amorce une transition vers une autonomie stratégique en matière de sécurité. L’une des pistes avancées serait la création d’un Fonds spécial de soutien à la sécurité nationale, conçu sur le modèle d’un fonds souverain. Ce mécanisme permettrait d’assurer une certaine autonomie financière. Un  investissement dans une industrie nationale de défense et de sécurité est aussi souhaité

Cette rupture d’aide américaine doit être vue comme une opportunité pour Haïti de redéfinir ses priorités et de bâtir un système de sécurité moins vulnérable aux aléas de la géopolitique internationale. La souveraineté d’un État repose sur sa capacité à assurer sa propre sécurité, et pour cela, il faut savoir diversifier ses sources de financement et renforcer ses ressources interne, a conclu l’expert.

Judelor Louis Charles 

VANT BÈF INFO (VBI)

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