Haïti : Et si les bandits étaient clonés… Pourquoi paraissent-ils si nombreux ?

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Par Wandy CHARLES

Évaluer le nombre exact de membres actifs dans les gangs armés en Haïti relève presque de l’impossible. C’est une tâche herculéenne. Policiers et observateurs s’interrogent : les bandits semblent se multiplier à une vitesse alarmante, telles des « punaises », selon leurs propres mots. « C’est comme si les bandits étaient clonés », affirment-ils. Mais comment contenir cette prolifération sans données fiables et sans solutions durables ?

Cette absence de données précises constitue un véritable handicap pour les forces de l’ordre. Sans chiffres fiables, il est difficile de concevoir des stratégies adaptées pour contenir et démanteler ces groupes. Comment combattre un ennemi dont la taille, les moyens et la force restent inconnus ?

Dans les rangs des gangs, le recrutement est un jeu d’enfant, un processus inquiétant mais bien rodé. Les enfants des rues, autrefois, errants, sont enrôlés en masse, devenant des cibles faciles. De simples éclaireurs, ils finissent par gravir les échelons et se retrouver au cœur d’activités criminelles. « On remarque de moins en moins d’enfants dans les rues de la capitale », observent des spécialistes sensibles à cette question.

Les évasions spectaculaires, comme celles de la prison civile de Croix-des-Bouquets et du pénitencier national, ont grossi les rangs des bandes armées, amplifiant le problème. Bandits notoires et criminels en devenir, rejoignent les gangs, renforçant leurs effectifs. À cela s’ajoutent des individus contraints, par la menace ou le désespoir, à intégrer ces groupes armés pour remplir diverses tâches.

Mais ce n’est pas uniquement sous la contrainte que les gangs se renforcent. Le facteur économique est déterminant. Le « payroll » proposé par ces organisations criminelles est alléchant, surtout dans un pays où le chômage et la pauvreté asphyxient les opportunités légales. Ce revenu facile attire de nombreux jeunes, acculés par les difficultés, en quête d’une survie rapide, mais au prix de leur liberté et parfois de leur vie.

Les rapatriés ne sont pas épargnés. Selon des sources crédibles, certains, marginalisés et sans repères, se retrouvent dans le giron des gangs. Faute de ressources ou de soutien, quelques-uns finissent par rejoindre ces groupes armés, contribuant ainsi à leur expansion.

Face à cette dynamique, la société haïtienne se retrouve prise au piège. Les gangs armés prospèrent, nourris par la pauvreté, l’impunité et le désespoir. La prolifération des gangs n’est pas un problème isolé, mais le reflet d’un tissu social fragilisé par des décennies d’instabilité, de mauvaise gouvernance et d’absence de justice.

Pour contrer les menées sordides des malfrats, il ne suffit pas de déployer des forces armées. Il faudra une approche globale, intégrant des solutions économiques, sociales et sécuritaires. Le dilemme est complexe, mais l’urgence est indéniable : mettre fin à cette hémorragie sociale avant qu’elle n’emporte tout sur son passage.

Vant Bef Info (VBI)

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