Haïti/Environnement : Sécheresse en Haïti,  une situation alarmante, se désole  l’agronome Talot Bertrand

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Le pays fait face  à de graves problèmes liés à la sécheresse en raison d’une grande carence de pluies dans tous les départements, a constaté l’Agronome Talot Bertrand, spécialiste en éducation relative à l’environnement.  Dans d’une entrevue accordée à la rédaction de Vant Bèf Info, le secrétaire de la PROMODEV (Promotion pour le Développement) a proposé des actions agro-écologiques et éco-citoyennes. Il invite également les autorités à combattre l’insécurité afin de permettre la libre circulation des semences.    

Port-au-Prince, le 5 avril 2023.- La sécheresse touche les dix départements géographiques du pays. Les conséquences sont néfastes et alarmantes, selon les constats et les explications fournies  par le secrétaire de la PROMODEV, l’agronome Talot Bertrand.

Contacté ce mercredi par la rédaction de Vant Bèf Info, M. Bertrand a présenté la situation de la sécheresse en Haïti, un pays pourtant constitué à 75 % de montagnes et 25 % de plaines. Les agriculteurs misent beaucoup sur la pluie pour favoriser la plantation. On connait une carence de pluies depuis plusieurs mois, fait remarquer le spécialiste en éducation relative à l’environnement.

« On n’enregistre pas 50 mm de pluie. Elle ne tombe presque pas. Le département de la Grand’Anse, une zone de haute production en souffre amèrement » confie l’Agronome Bertrand à notre rédaction.

Plus loin, il a informé que le barrage de Péligre construit sur le fleuve de l’Artibonite qui alimente le système d’irrigation, connaît une baisse vertigineuse. D’autres fleuves font aussi face à cette situation.

Il évoque la situation prévalant au niveau de la Plaine de Maribarou située dans le Nord-est et privée d’eau ainsi que Saint-Raphaël où l’on pratique la culture maraîchère et aussi la culture rizière qui confrontent de sérieux problèmes de production.

Situation d’insécurité liée à la sécheresse  

Durant ces cinq dernières années, la vallée de l’Artibonite a perdu ses capacités de plantations à cause de l’insécurité orchestrée par des gangs ayant envahi certains endroits faisant fuir beaucoup d’habitants dont des agriculteurs.

C’en est le cas, entre autres, du département de l’Ouest, une autre zone de production, dit-il, en se référant à la commune de Croix-des-Bouquets, particulièrement à Belle Fontaine.

À Fermathe, le commerce diminue en raison de la terreur provoquée par  des gangs armés. À Thiotte, des vaches meurent par manque d’eau, toujours selon les explications fournies par Talot Bertrand.                    

Situation de crise humanitaire, que faire?

 Il est vrai qu’on a connu quelques épisodes de pluies dans certains départements mais elles n’ont servi à rien à cause de l’aridité de la terre qui a trop soif de l’eau, révèle le spécialiste.

« Nous n’avons pas encore une bonne politique de stockage et de rétention d’eau » se désole celui qui prépare sa thèse de doctorat sur les changements climatiques et les évaluations environnementales.

Il affirme avoir une grande inquiétude sur le phénomène « El Niño » qui atteint son pic et  favorise une profonde sécheresse dans les Caraïbes dont Haïti en fait partie.

Le problème est loin d’être résolu, selon Talot Bertrand, évoquant l’instabilité politique, l’absence de mécanismes et de prises en charge du Ministère de l’Environnement et du Ministère de l’Agriculture, des Ressources Naturelles et du Développement Rural.      

Initiatives/ Propositions et Plan d’Actions                      

L’agronome Bertrand informe s’être déjà lancé dans des initiatives qui sont de nature à résoudre cette situation d’urgence.

Nous deons, préconise-t-il, accompagner les  paysans, les aider à se focaliser sur la réduction de la dégradation de l’environnement et la gestion des Forêts.  

Il faut aussi lancer la saison de l’arbre du 15 avril au 30 juin en priorisant le Morne Bienac aux Gonaïves et Roseaux dans la Grand’Anse.  

Il plaide aussi en faveur de la mobilisation d’un minimum d’actions agro-écologiques et éco-citoyennes. Plusieurs structures sont déjà prêtes à travailler avec la PROMODEV sur cette problématique dont Wyne Farm, Fondation Maurice Syxto, Aksyon Konbit Kabarè.

Enfin, l’agronome Talot Bertrand invite les agriculteurs à s’adonner à la plantation d’arbres résistants pour contrecarrer la situation.

Le développement d’une plante varie d’une zone à une autre, selon le spécialiste qui affirme être actuellement en train  de faire de nouvelles expériences avec certains arbres importés.

Came Stefada Poulard    
Vant Bèf Info (VBI)