Haïti en crise : la société civile peut-elle encore être une force de changement ?

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Instabilité politique, insécurité galopante, effondrement des institutions : Haïti s’enlise dans une crise multidimensionnelle dont l’issue semble incertaine. Face à cette situation, la société civile haïtienne pourrait jouer un rôle clé en exerçant une pression sur l’État et en proposant des solutions viables. Pourtant, selon Jonathan Méus, licencié en sciences politiques et philosophie à l’IERAH, ces organisations restent trop fragmentées et désorganisées pour avoir un impact significatif.

Une société civile divisée et sans vision commune
Port-au-Prince, le 19 mars 2025 – Les organisations de la société civile haïtienne englobent divers groupes de pression, des associations et des syndicats, qui défendent des intérêts collectifs ou individuels. Toutefois, leur manque de coordination et leur dispersion autour de causes spécifiques les éloignent des préoccupations majeures de la population.
« Si l’on parle de la société civile haïtienne, on ne voit rien de concret, notamment en termes de propositions pour éviter cette mauvaise gouvernance et cette mauvaise gestion des ressources publiques », souligne Jonathan Méus. Normalement, ces organisations devraient jouer un rôle de contrepoids face à un État défaillant. Pourtant, leur incapacité à parler d’une seule voix et à structurer une vision commune limite leur influence.
Un acteur marginalisé dans la gestion de la crise
Alors que la société civile devrait être un levier pour sortir de la crise, elle peine à s’imposer comme une véritable actrice du changement. Son rôle n’est pas de gouverner, mais de proposer des solutions et d’orienter les décisions politiques. Or, faute de concertation et de plan d’action structuré, elle reste absente des débats stratégiques sur l’avenir du pays.
Jonathan Méus estime que si ces organisations avaient réellement voulu peser sur la résolution de la crise, elles auraient mis en place des mécanismes solides pour influencer les politiques publiques. Au lieu de cela, elles peinent à mobiliser efficacement l’opinion publique et à s’imposer comme interlocutrice incontournable auprès des autorités.
Quelle voie pour une société civile plus influente ?
Dans ce contexte, plusieurs défis s’imposent : comment structurer la société civile haïtienne pour renforcer son influence ? Comment dépasser les clivages sectoriels pour construire une vision commune et répondre aux besoins urgents de la population ?
Pour devenir une véritable force de changement, ces organisations doivent se doter d’une stratégie plus cohérente, se coordonner efficacement et adopter une approche proactive face aux crises. Sans cette transformation, la société civile risque de rester un simple témoin impuissant d’une situation qui exige pourtant une mobilisation sans faille.
Judelor Louis Charles
Vant Bèf Info (VBI)