Haïti en crise : des femmes enceintes haïtiennes se réfugient en République dominicaine malgré les expulsions

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Face à l’insécurité croissante en Haïti et à la défaillance du système de santé, de nombreuses femmes enceintes traversent la frontière pour accoucher en République dominicaine. Mais une fois sur place, elles doivent faire face à des restrictions migratoires sévères et risquent l’expulsion, même en situation d’urgence.

Reuters

Santo-Domingo, mercredi 29 janvier 2025 – Selon un article de Reuters publié le 28 janvier 2025, la fermeture de nombreux hôpitaux en Haïti entraîne un afflux massif de patientes haïtiennes dans les établissements de santé dominicains. À Port-au-Prince, l’ONU estime que moins d’un quart des hôpitaux restent fonctionnels, une situation aggravée par la mainmise des gangs armés sur plusieurs centres hospitaliers.

« J’ai eu mon enfant ici », témoigne Cineas Lionne, une Haïtienne ayant accouché à Punta Cana. « Je ne pense pas que j’aurais reçu de bons soins en Haïti à cause de la situation. Il n’y a pas de gouvernement. »

L’accès aux soins en Haïti est de plus en plus impossible en raison de la fermeture récurrente des ports et de l’aéroport, empêchant l’acheminement de matériel médical et de médicaments. Médecins Sans Frontières (MSF) a même suspendu temporairement ses services en raison des menaces pesant sur son personnel.

Les hôpitaux dominicains sous pression, les expulsions se multiplient

Selon Reuters, 35,4 % des naissances enregistrées en janvier 2024 dans les hôpitaux publics dominicains concernaient des mères haïtiennes. Un chiffre qui illustre l’ampleur du phénomène et qui pousse les autorités dominicaines à durcir leur politique migratoire. Des expulsions sont régulièrement signalées, y compris dans les hôpitaux.

« En Haïti, il y a trop de gangs. On ne peut pas accoucher là-bas », confie Béatrice Agustin, qui a récemment donné naissance à Saint-Domingue. « Mais même ici, sans papiers, c’est compliqué. »

Ces dernières années, l’ONU a dénoncé les intimidations et détentions arbitraires dont sont victimes les femmes haïtiennes venues accoucher en République dominicaine.

En Haïti, la situation demeure critique. L’Hôpital de l’Université d’État d’Haïti (HUEH), le plus grand du pays, est devenu un champ de bataille, empêchant l’accès aux soignants et aux patients. Depuis 2024, de nombreux malades ont été contraints d’abandonner l’établissement, faute de sécurité et de ressources.

Pris entre la crise humanitaire et la pression migratoire, ces femmes se retrouvent dans une impasse, sans alternative pour accoucher dans des conditions sûres.

Wideberlin Senexant
Vant Bèf Info (VBI)
Avec Reuters

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