Haïti/Education : Report de la rentrée scolaire, des écoles privées vont-elles défier l’autorité de l’Etat ?
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Dans une note datée du vendredi 26 août, le Ministère de l’Education Nationale et de la Formation Professionnelle (MENFP) a informé que la rentrée scolaire, prévue initialement pour le 5 septembre, est reportée au 3 octobre. Une 2e communication du MENFP, parue ce lundi 29 août, appelle les responsables d’institutions scolaires à respecter cette nouvelle date pour offrir les mêmes chances de réussite aux élèves. Toutefois, nombreux sont des parents qui se plaignent déjà des pressions exercées par des directeurs d’institutions scolaires pour qu’ils envoient leurs enfants à l’école dès ce lundi 5 septembre comme prévu initialement. S’achemine-t-on vers un bras de fer entre le ministère et ces responsables d’institutions scolaires ?
Port-au-Prince, le 29 août 2022. Jonas (nom d’emprunt) a 36 ans. Il est employé d’une institution privée et sa fille de 9 ans fréquente une école privée à Petite-Place Cazeau. Il affirme avoir reçu une note de la direction l’informant que son enfant est attendu le 5 septembre mais en tenu civil.
Évidemment, dit-il, le délai du 2 septembre, pour le premier versement de 25 000 gourdes n’a pas changé.
Je dois me débrouiller avant la fin de cette semaine pour trouver cet argent car je ne voudrais pas que ma fille manque un seul jour de classe, a-t-il dit, déplorant l’incapacité des autorités éducatives à faire respecter la décision ayant rapport au report de la rentrée scolaire.
C’est la même complainte d’une jeune mère célibataire dont la fille de 12 ans est admise dans une école secondaire à Delmas.
Le directeur est clair. L’école ouvrira le lundi 5 septembre et je dois faire le nécessaire pour que ma fille aille à l’école dès le premier jour. Ce qui n’est pas évident vue ma situation actuelle, a-t-elle confié.
Pour moi, c’est lors d’une réunion ce dimanche (28 août) qu’on m’a informé de la décision de l’école de maintenir la rentrée pour ce lundi 5 septembre, affirme un autre citoyen, résigné devant ce qu’il appelle l’impuissance du MENFP face à ce qu’il appelle « la toute-puissance » des directeurs d’écoles privées.
Les élèves sont invités à venir en civil et il y aura des cours de mise à niveau durant le mois de septembre, nous ont-ils fait savoir.
Ils ne sont pas que trois à se trouver dans cette situation.
La plupart des écoles privées échappent au contrôle strict des autorités éducatives. Il n’est même pas certain que le projet de livre unique, initié à coup de publicité, puisse atterrir, soutient plus d’un.
D’ailleurs, font remarquer de nos interlocuteurs, le ministère n’est même pas capable d’uniformiser le programme de formation dans les institutions scolaires.
Il en résulte que le pays fonctionne avec une école à plusieurs vitesses et, des fois, des enfants se voient offrir une formation sur mesure ou à la carte, suivant les moyens dont disposent leurs parents et ceci, dans un même établissement scolaire.
A Port-au-Prince, certaines écoles vous donnent le choix entre le programme haïtien, le programme étranger ou un programme mixte, en fonction de vos moyens.
Des observateurs vont plus loin et se demandent quelle éducation donne-t-on aux élèves dans des institutions qui refusent de respecter l’autorité de l’Etat.
Le ministre de l’éducation nationale Nesmy Manigat réussira-t-il là où beaucoup d’autres ont échoué avant lui.
Il a une semaine pour commencer à le démontrer car sa décision de reporter la rentrée scolaire, prise en conseil de gouvernement et qui engage donc l’administration du premier ministre Ariel Henry, sera mise à l’épreuve à partir du lundi 5 septembre.
Vant Bèf Info (VBI)