Haïti-Crise : où sont passés les spécialistes en matière de sécurité ?
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Les gangs armés continuent leur progression sur la capitale haïtienne, conquérant de nouveaux territoires sous le regard impuissant des autorités. Alors que l’insécurité atteint des sommets, la population s’interroge : où sont les experts en sécurité qui pourraient aider à endiguer cette spirale de violence ?
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Des gangs toujours plus audacieux, des autorités dépassées
Port-au-Prince, 23 février 2025 – Depuis des années, Port-au-Prince devient le théâtre de violences extrêmes orchestrées par des groupes criminels de plus en plus organisés. Meurtres, pillages, enlèvements et incendies se multiplient, semant la terreur au sein d’une population déjà éprouvée par une crise socio-économique sans précédent. Face à cette montée en puissance des gangs, les autorités peinent à réagir, alimentant le sentiment d’abandon. « Ils agissent en toute impunité. On dirait que l’État les observe sans rien faire », confie un riverain de Carrefour-Feuilles, contraint de fuir sa maison.
Une reconnaissance d’échec au sommet de l’État
Lors d’une conférence de presse après l’attaque meurtrière perpétrée par la coalition criminelle Viv Ansanm contre la commune de Kenscoff, le Premier ministre Alix Didier Fiks-Aimé – également président du Conseil supérieur de la Police nationale (CSPN) – a choqué l’opinion en reconnaissant que les autorités étaient informées de l’attaque avant qu’elle survienne. Cette déclaration, perçue comme un aveu d’impuissance, a suscité l’indignation générale. « C’est incompréhensible qu’ils aient su et qu’ils n’aient rien fait pour empêcher ce carnage », déplore un habitant de la zone.
Les experts en sécurité brillent par leur absence
Dans ce climat de chaos, de nombreuses voix s’élèvent pour réclamer la mobilisation des anciens directeurs généraux de la Police nationale d’Haïti (PNH), d’anciens hauts gradés des Forces armées d’Haïti (FAD’H) et des spécialistes en gestion de crise. Pourtant, ces experts restent silencieux, alors que leur expérience pourrait être décisive. « Il est temps de former un Conseil de sécurité avec ces anciens cadres pour aider la PNH à renforcer ses capacités opérationnelles », plaide Martial, déplacé de Carrefour-Feuilles.
Une population entre peur et espoir
Malgré la violence qui gangrène le pays, certains citoyens gardent espoir. « Haïti a encore des ressources humaines capables d’aider. L’État doit faire appel à ses fils et ses filles pour stopper cette hémorragie », insiste un habitant de Port-au-Prince. La population, à bout, réclame le rétablissement de la paix et de la sécurité pour reprendre le cours normal de sa vie. Mais face à un État jugé absent et des criminels de plus en plus puissants, la question demeure : combien de temps encore les Haïtiens devront-ils attendre avant de voir des actions concrètes ?
Jean Gilles Désinord
Vant Bèf Info (VBI)