Haïti – Crise humanitaire : L’ONU lance un appel de 900 millions de dollars pour 2025

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Face à une crise humanitaire et sécuritaire sans précédent, l’Organisation des Nations Unies (ONU) a lancé un appel urgent de 908,2 millions de dollars pour venir en aide à 3,9 millions d’Haïtiens cette année. Le pays, plongé dans une spirale de violence alimentée par des gangs armés, est confronté à des défis humanitaires majeurs, marqués par des déplacements massifs, une insécurité alimentaire alarmante et des violences généralisées.

Un pays sous l’emprise de la violence

Port-au-Prince, 21 février 2025 – La situation en Haïti s’est considérablement dégradée en 2024, avec une montée en puissance des groupes criminels contrôlant Port-au-Prince et ses environs. Selon le Bureau de la coordination des affaires humanitaires de l’ONU (OCHA), plus de 5 600 personnes ont été tuées l’an dernier, soit une hausse de 20 % par rapport à 2023. Les gangs multiplient les exactions : meurtres, enlèvements, violences sexuelles et recrutement forcé d’enfants, aggravant la détresse des populations déjà vulnérables.

Des chiffres humanitaires inquiétants

Selon l’OCHA, 1,5 million de personnes sont actuellement déplacées à l’intérieur du pays, un bond de 48 % depuis septembre 2024. Des milliers d’entre elles ont fui les quartiers assiégés de la capitale, érigeant des barricades pour réclamer le droit de retourner chez elles. « La violence armée a engendré des souffrances incommensurables, notamment chez les femmes et les enfants », alerte le rapport de l’agence onusienne.

La crise alimentaire s’aggrave également. En 2024, 5,5 millions de personnes vivaient en situation d’insécurité alimentaire aiguë, dont 2 millions en situation d’urgence et 6 000 au seuil de la famine. Ces chiffres traduisent une hausse de 11 % par rapport au premier trimestre de l’année dernière.

Une aide internationale insuffisante

L’appel de fonds pour Haïti en 2024 n’avait été financé qu’à 44 %, limitant la portée des interventions humanitaires. Cette année, l’ONU espère mobiliser davantage de soutien afin de répondre aux besoins prioritaires, incluant l’assistance aux déplacés, la lutte contre le choléra et le soutien aux communautés vivant sous le contrôle des gangs.

Parallèlement, la Mission multinationale d’appui à la sécurité (MMAS), dirigée par le Kenya, a entamé son déploiement en 2024. Toutefois, avec seulement 1 000 policiers déployés sur les 2 500 prévus, la mission fait face à des obstacles logistiques et financiers. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a annoncé vouloir renforcer l’efficacité de cette force, envisageant de confier la logistique directement à l’organisation.

Défis migratoires et avenir incertain

Outre la violence et la faim, Haïti est confronté à une crise migratoire persistante. Plus de 200 000 Haïtiens ont été expulsés de la République dominicaine en 2024, et l’OCHA anticipe jusqu’à 350 000 expulsions supplémentaires cette année. Ces mouvements forcés exacerbent les tensions sociales et économiques dans un pays au bord de l’effondrement.

Alors que l’ONU multiplie les appels à la solidarité internationale, la situation reste critique. Sans un financement suffisant et des actions coordonnées, les perspectives pour 2025 s’annoncent sombres pour des millions d’Haïtiens pris au piège de la crise.

Widberlin Senexant

Vant Bèf Info (VBI)
Avec la presse internationale

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