Haïti au bord du gouffre : l’ONU alerte sur une crise des droits humains sans précédent

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Haïti sombre dans une crise humanitaire et sécuritaire alarmante. William O’Neill expert indépendant des Nations Unies, revient d’une mission dans le pays et dresse un constat accablant. Selon lui, la violence des gangs atteint un niveau insoutenable, plongeant la population dans la terreur et le désespoir. Il appelle à une action immédiate pour éviter un effondrement total.

Haïti vacille sous le poids de la violence. De retour d’une mission sur le terrain, O’Neill , expert indépendant des Nations Unies sur les droits de l’homme, ne cache pas son inquiétude. « La situation est d’une gravité extrême. La souffrance est partout, touchant en premier lieu les plus vulnérables », alerte-t-il.
Il constate que, malgré les efforts de la Police nationale d’Haïti (PNH) et de la Mission nationale d’appui à la sécurité (MMAS), les gangs continuent d’étendre leur emprise. « Le risque que la capitale tombe entièrement sous leur contrôle est bien réel », prévient-il.
Les témoignages recueillis sur place illustrent l’ampleur de la crise. P., 16 ans, a survécu à une attaque brutale à Kenscoff. « Sept hommes armés et masqués ont fait irruption chez moi. Ils nous ont violées et battues, ma belle-mère et moi. Puis, ils ont tué mon père sous mes yeux », confie-t-elle. Elle tente aujourd’hui de se reconstruire dans un centre d’accueil temporaire, mais l’aide disponible est insuffisante.
Autre drame : L., 12 ans, a été enrôlé de force par un gang avant d’être arrêté. « Je veux seulement retourner dans la rue », dit-il depuis sa cellule au Centre de rééducation des mineurs de Port-au-Prince. Malgré son passé douloureux, il espère un avenir meilleur : « Plus tard, je serai pilote. »
Ces violences ont déjà causé le déplacement de plus d’un million de personnes. « Ces dernières semaines, des milliers d’Haïtiens ont dû fuir à nouveau, sans aucun endroit où aller », déplore William O’Neill.Il évoque des scènes de chaos, où des étudiants ont chassé des déplacés de leur école, de peur de ne jamais pouvoir reprendre les cours. Dans les camps de fortune, la faim et la violence sexuelle font des ravages.
Face à cette crise, il exhorte les autorités haïtiennes à agir avec fermeté. « La lutte contre les gangs ne peut aboutir sans un combat réel contre l’impunité et la corruption », insiste-t-il. Il rappelle toutefois que cette riposte doit respecter les droits humains fondamentaux : « Aucune situation, aussi critique soit-elle, ne justifie des exécutions sommaires. »
William O’Neill appelle également la communauté internationale à des actions concrètes. « Il faut appliquer sans délai les sanctions, renforcer l’embargo sur les armes et accélérer le soutien sécuritaire multinational », insiste-t-il.
L’expert des Nations Unies est formel : l’inaction n’est plus une option. « Il n’y a pas un jour à perdre. Il en va de la survie d’Haïti », conclut-il.
Yves Manuel
Vant Bèf Info ( VBI)