Haïti à l’agonie au mépris systématique des plus grands « guérisseurs » du monde

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Depuis des mois, voire des années, la Communauté Internationale tourne en rond et minimise la nécessité de l’envoie d’une assistance technique et logistique à la Police Nationale d’Haïti pour contrecarrer les bandes criminelles ayant pris le pays en otage. En dépit d’une demande d’aide sécuritaire formulée par le gouvernement haïtien auprès des Nations Unies, de multiples réunions et colloques, de ballets diplomatiques où le dossier d’Haïti est constamment agité, la montagne n’a accouché que d’une souris. Tenant compte de ce comportement pour le moins passif des pays dit amis de la première République noire libre du monde, le premier ministre Ariel Henry, a opté pour une mobilisation des forces armées de sécurité pour neutraliser les gangs de plus en plus puissants.

Port-au-Prince, le 5 avril 2023.- Avec l’annonce du Premier Ministre canadien Justin Trudeau d’investir 73 millions de dollars dans la police haïtienne, une éventuelle intervention armée dans le pays est temporairement dissipée.

L’intervention étrangère : la solution ?

Incontestablement, il y a une coïncidence dans la vision de la crise haïtienne entre le Canada et les États-Unis, puisque ces derniers ont échappé aux chants bellicistes de l’ONU, du gouvernement dirigé par le Dr Ariel Henry, de la République Dominicaine et d’autres nations, qui s’adonnent corps et âme à la promotion d’une intervention militaire qui, de l’avis de certains analystes, créerait plus de problèmes que de solutions.

Certains analystes géopolitiques excluent qu’une intervention armée résoudrait le problème des gangs. Elle ne consoliderait non plus le pouvoir de transition, et encore moins faciliterait l’efficacité des services publics. Mais ce dont Haïti a vraiment besoin, c’est d’une aide lui permettant de commencer à construire son avenir avec des mesures sûres, car une autre intervention armée ne garantirait ni la paix ni le progrès, ajoutent-ils.

Haïti doit compter sur d’autres Etats amis pour résoudre la crise

Le Canada et les Etats-Unis qui ont pendant longtemps mené la dance ne sont pas parvenus à aider à la pacification du pays. Ils sont jusque-là indécis sur la nécessité de déploiement d’une force multinationale dans ce pays des Caraïbes en proie à une crise multidimensionnelle, laquelle exacerbée par l’assassinat en juillet 2021 de son ancien président Jovenel Moïse.

Si en guise de solutions aux problèmes d’insécurité, le Canada avait annoncé en mars dernier un financement de 73 millions de dollars à la PNH, les États-Unis ont proposé une feuille de route pour faire face à la crise complexe en Haïti, par le biais d’un plan de travail de 10 ans qui ne mentionne pas l’intervention armée. Le plan envisage une approche progressive, donnant la priorité aux efforts dans le secteur de la sécurité et de la justice dès le départ, compte tenu de la situation actuelle.

Une solution à l’Haïtienne à la crise, des citoyens y croient

Parallèlement, des organisations de la société civile haïtienne entreprennent des démarches qui viseraient à doter la police nationale de moyens logistiques en vue de freiner la machine infernale de l’insécurité qui n’a de cesse d’endeuiller les familles haïtiennes. « Les pays n’ont pas d’amis, ils n’ont que des intérêts », ont rappelé ces citoyens et citoyennes qui exigent du même coup des explications du gouvernement Canadien, à la suite de ses missions dépêchées dans les eaux territoriales et l’espace aérien haïtien.

Peut-on attendre désespérément l’aide de la communauté internationale ?
La question est posée. Haïti doit-il attendre encore et toujours une aide entre les mains de certains pays pour lesquels Haïti est de loin une priorité, se questionne un autre groupe de citoyens. Ces derniers disent comprendre fort mal que dans l’état actuel des choses, de l’argent puisse être injecté dans la formation de la police nationale alors que les gangs criminels tuent, violent, volent, kidnappent et se battent au quotidien pour le contrôle de territoires sous les yeux impuissant des agents de l’ordre, qui eux aussi sont comptés parmi les victimes d’actes de banditisme.

Le plan décennal proposé par les États -Unis en guise de sauvetage d’Haïti ne cadre pas non plus avec la réalité, croient comprendre des personnes avisées qui appellent la communauté internationale en particulier les États- Unis et le Canada à cesser de tourner en dérision le peuple haïtien.

Que fait Ariel Henry ?

Ils sont nombreux des acteurs politiques qui croient à tort ou à raison que le gouvernement de Ariel Henry aurait tout mettre en œuvre pour instaurer et maintenir ce climat de terreur dans la perspective de consolider un pouvoir qui, jusque-là, peine à délivrer. Un « État » qui délègue son autorité aux criminels sans foi ni loi au point où un des ministres de ce gouvernement, en l’occurrence, Emmelie Prophète Milce a eu, sans gêne aucune, à déclarer lors d’une intervention sur la Radio San Fin (RSF), qu’il y a des territoires perdus dont il faut à tout prix récupérer des mains de ceux qui sont armés illégalement.

L’armé d’Haïti appelées en rescousse

Probablement fatigué des attentes de la communauté internationale qui traine les pieds sur le dossier d’Haïti, le locataire de la Primature, sans un réel pouvoir, a fait appel aux forces de sécurité nationale pour résoudre cette « guérilla urbaine » à laquelle fait face le pays. « Ces velléités du chef du gouvernement de mobiliser les forces armées d’Haïti et la police nationale pour mater les gangs n’est qu’un leurre », pensent des observateurs pour qui les forces armées du pays ne peuvent être opérationnelles en dehors de l’aval des États-Unis. Donc, le premier ministre haïtien en évoquant la présence de cette force de sécurité aux côtés de la PNH pour affronter les bandes armées, bluffe toute une nation, en agonie.

Somme toute, il ne fait aucun ombre de doute que la solution à la crise haïtienne ne peut être résolue que par des haïtiens eux-mêmes. Mais, il faut avant tout une prise de consciences de la part de tout un chacun indépendamment de ses appartenances politiques, sociales ou économiques. Selon plus d’un, le  » blanc » aurait pu avoir un autre comportement vis -à-vis d’Haïti si les protagonistes aussi bien que les antagonistes de la crise priorisaient les intérêts supérieurs de la nation.

Yves Manuel

Vant Bèf Info( VBI)