Haïti 2024 : entre transitions politiques et chaos sécuritaire

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L’année 2024 restera dans les mémoires comme une période charnière pour Haïti, oscillant entre espoirs de transition politique et chaos sécuritaire. Marquée par une instabilité profonde et une violence dévastatrice, cette année illustre les défis colossaux auxquels le pays est confronté dans une quête interminable de résolution d’une crise multidimensionnelle.

Crédit photo: Odelyn Joseph/AP Photo/picture alliance

Les tumultes d’une transition politique

L’un des tournants majeurs de cette année a été la démission du Premier ministre Ariel Henry en mars, sous la pression grandissante des gangs, de plusieurs institutions et de la communauté internationale. Ce départ a ouvert la voie à la formation d’un Conseil présidentiel de transition en avril, chargé de diriger le pays jusqu’en 2026. Cette instance, bien que saluée par certains comme un pas vers la stabilisation, a suscité des interrogations sur sa capacité à gérer une situation aussi complexe.

La nomination de Garry Conille comme Premier ministre en mai a semblé offrir un répit, mais les espoirs d’un gouvernement solide ont été rapidement balayés par un remaniement ministériel en novembre, marquant l’arrivée d’Alix Didier Fils-Aimé à ce poste clé. Ce cycle incessant de changements démontre une fois de plus l’incapacité chronique des élites haïtiennes à établir une gouvernance stable et inclusive.

Une violence ravageuse des initiatives porteuse d’espoir

Parallèlement à ces bouleversements politiques, la violence des gangs a atteint des sommets alarmants. Port-au-Prince, la capitale, est devenue un champ de bataille où les groupes armés dictent leur loi. En mars, l’état d’urgence a été déclaré pour tenter de contrer ces violences, mais sans réel effet. Les massacres de décembre, notamment à Cité Soleil, rappellent la gravité de cette crise sécuritaire.

La communauté internationale, comprenant l’urgence, a envoyé des forces multinationales, notamment des unités de police kényanes, pour tenter de rétablir l’ordre. Cependant, ces efforts restent insuffisants face à l’ampleur du problème et à l’enracinement des gangs dans la société haïtienne.
Malgré ce contexte sombre, certaines actions ont marqué des points positifs. La tenue du Haïtian Investment Forum en septembre à New York a permis de redorer partiellement l’image du pays sur la scène internationale, tout en identifiant des projets d’investissement potentiels.

Un appel à la solidarité internationale et nationale

L’année 2024 a mis en lumière une réalité douloureuse : Haïti ne peut pas se relever sans un véritable effort collaboratif sincère et concret. Si les actions internationales, comme les sanctions contre des personnalités de la classe politique et de l’élite, dont l’ex-président Michel Martelly, ou l’intervention des forces étrangères, sont nécessaires, elles doivent s’accompagner d’un sursaut national. Le rôle des Haïtiens eux-mêmes, des institutions locales et de la diaspora est crucial pour sortir du cercle vicieux de la violence et de l’instabilité.

En 2025, Haïti devra faire face à une question essentielle : peut-on reconstruire un État fonctionnel et restaurer la confiance dans les institutions ? Le chemin sera long, mais l’espoir réside dans une mobilisation collective, tant sur le plan national qu’international.

Que l’année 2024 serve de leçon pour bâtir un avenir où les mots « paix » et « prospérité » ne seront plus de vains slogans, mais une réalité tangible pour chaque Haïtien.

Wandy CHARLES
Vant Bèf Info (VBI)

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