Garry Conille et la transition haïtienne : un parcours parsemé d’embûches

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L’ascension de Garry Conille au poste de Premier ministre de la transition suscite des espoirs de changement et de stabilité. Sa nomination par le Conseil Provisoire de la Transition (CPT) le place au cœur d’une crise qui nécessite une gouvernance sage et efficace. Voici un examen approfondi des défis qui l’attendent et des questions qui pèsent sur son mandat.

Collaboration avec le CPT et défis de sécurité

Le Conseil Provisoire de la Transition (CPT) est un organe clé avec lequel Conille devra collaborer étroitement. Cette coopération est cruciale pour établir un gouvernement crédible et préparer le terrain pour des élections démocratiques. La dynamique de cette relation sera déterminante pour la capacité de Conille à agir et à influencer le cours des événements.

La sécurité est le défi le plus urgent. Les gangs ont intensifié leurs attaques, entraînant une hausse dramatique des homicides et de la violence. Conille devra collaborer étroitement avec le CPT et la mission de sécurité multinationale autorisée par l’ONU pour rétablir l’ordre et la sécurité.

Défis économiques et sociaux

L’économie haïtienne est en récession depuis cinq ans, avec une contraction du PIB de 1,9 % en 2023 et une inflation élevée de 44,2 %. Conille doit trouver des solutions pour relancer l’économie, stabiliser la monnaie et améliorer les conditions de vie des Haïtiens.

Plus de 40 % de la population haïtienne souffre d’insécurité alimentaire aiguë. La pauvreté a probablement augmenté à 29,2 % (ligne de pauvreté internationale de 2,15 $/jour) et 58,0 % (ligne de pauvreté de 3,65 $/jour) en 2023. Conille doit prioriser les programmes sociaux et humanitaires pour répondre à ces urgences.

Sanctions, réformes et élections

Les élites politiques et économiques, accusées de financer les gangs, pourraient faire face à des sanctions. Conille devra naviguer dans ces eaux troubles pour assurer la justice sans aggraver la crise politique et économique. La question de l’audit, qui a causé des frictions avec le gouvernement de Michel Martelly, pourrait resurgir. Conille devra décider s’il rouvre cette enquête.

La réforme constitutionnelle est un autre défi majeur. Conille devra aborder cette question avec prudence, en cherchant un consensus national pour éviter d’aggraver les divisions. La révision de la Constitution pourrait être essentielle pour créer une base plus stable et fonctionnelle pour la gouvernance future.

La tenue d’élections libres et équitables est la pierre angulaire de la légitimité démocratique. Conille, avec le soutien du CPT, devra garantir que les conditions sont réunies pour permettre au peuple haïtien de choisir ses dirigeants, un processus essentiel pour la stabilisation à long terme du pays. Une question cruciale est de savoir si Conille s’investira de pouvoirs substituant le CPT. Sa capacité à rester dans les limites de son mandat tout en exerçant une influence positive sera un test de son leadership et de sa vision pour Haïti.

En somme, Garry Conille se trouve à la croisée des chemins, où chaque décision pourrait soit mener Haïti vers un avenir plus stable, soit replonger le pays dans les abysses de l’instabilité. Son mandat sera scruté non seulement par les Haïtiens mais aussi par la communauté internationale.

Deslande ARISTILDE
Vant Bèf Info (VBI)