Gagner sa vie à tout prix : les petits commerces les plus lucratifs en 2025

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À Delmas et Pétion-Ville, en pleine crise économique, de nombreux jeunes et femmes s’investissent dans de modestes activités commerciales pour subsister. Qu’il s’agisse de recharge téléphonique, de boissons fraîches ou d’aliments de rue comme « l’Aleken », ces petites activités leur permettent de tenir bon.

Port-au-Prince, 29 avril 2025 – Sur les trottoirs animés de Delmas 33 et de Pétion-Ville, les micro-entreprises prolifèrent. Face à une économie chancelante, les jeunes entrepreneurs et les femmes cheffes de familles redoublent d’ingéniosité pour générer des revenus. Leur sens de la débrouillardise devient une véritable stratégie de résilience économique.
À Delmas 33, sur la rue Charbonnière, Emilio, quadragénaire originaire de Jacmel et père de trois enfants, vend des sodas. Ses principaux clients sont des passants et des étudiants de l’Université Saint-François d’Assise, située à proximité.
« J’ai commencé avec seulement 1 000 gourdes. Aujourd’hui, je peux atteindre jusqu’à 3 000 gourdes de recette quotidienne, surtout quand il fait chaud », confie-t-il. Il mise sur la constance, l’hygiène et la qualité pour fidéliser ses acheteurs.
Non loin de là, près de l’ancien cimetière de Pétion-Ville, Samuel Joseph, 23 ans, propose des services de recharge téléphonique et de transfert mobile. Il attire une clientèle variée : marchands chauffeurs et travailleurs.
« Je travaille avec les deux grandes compagnies du pays. Ce n’est pas énorme, mais ça me rapporte chaque jour », raconte-t-il, abrité sous un parasol rudimentaire, le regard rivé sur son téléphone.
À Delmas 75, Marie-France Belony, mère de deux enfants, vend de l’Aleken » – des plats cuisinés issus de petits restaurants – ainsi que de l’eau en sachet. Elle achète un sachet d’eau à 175 gourdes et revend chaque sachet à 3 gourdes.
« Ce sont de petits gains, mais le volume fait la différence », explique-t-elle. Installée à un carrefour très fréquenté, elle écoule jusqu’à 15 sachets par jour.
À Pétion-Ville, Jude Jean-Baptiste, 19 ans, s’est lancé dans la vente de fritay : banane pesée et beignets croustillants. Inspiré par sa mère, il a appris à cuisiner dès son adolescence.
« Je gagne mieux ma vie que beaucoup de diplômés », affirme-t-il avec assurance. Son stand attire chaque matin une foule de clients, notamment des écoliers et des travailleurs pressés.
À Delmas 60, Nathalie Edouard, 31 ans, s’est spécialisée dans les accessoires pour téléphone : écouteurs, coques, chargeurs… tout y passe.
« J’ai commencé avec 10 000 gourdes. Aujourd’hui, je passe mes commandes directement à l’étranger », indique-t-elle. Présente sur WhatsApp et TikTok, elle combine vente en ligne et commerce de rue.
Dans une Haïti fragilisée par la violence et la pauvreté, ces petits business sont bien plus qu’un simple moyen de survie. Ils incarnent la volonté farouche de rester debout, loin des armes, et de faire du bitume un espace d’avenir.
Jean Allens Macajoux
Vant Bèf Info (VBI)