Fusion et réduction des ministères : quelle réalité ?
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Les ministères sont créés par des lois organiques et possèdent une personnalité juridique et politique. Leur création répond à une nécessité politique et sociale. Pourtant, réduire un cabinet ministériel en fusionnant des ministères ne représente pas une grande avancée sur le plan politique, économique et administratif, selon certains avis.
Port-au-Prince, le 14 juin 2024 – Le pouvoir exécutif ne peut pas créer un ministère à sa guise. Selon les lois haïtiennes, c’est un processus qui nécessite la collaboration des pouvoirs exécutif et législatif. « Un ministère est une nécessité politique et sociale, c’est anormal qu’on les fusionne, encore moins qu’on les réduise », a déclaré Clarens Renois, leader du Parti Politique UNIR.
Une concession politique
Selon l’ancien candidat à la présidence Clarens Renois, de nombreuses raisons politiques peuvent motiver la fusion des ministères. « C’est dans l’esprit de confier à des partenaires politiques des fonctions doubles. Une façon de montrer sa gratitude envers un frère d’armes. Une sorte de concession politique », a-t-il expliqué.
La réduction de la taille d’un gouvernement pourrait également être une stratégie politique. « Quand un premier ministre titularise un ministère, c’est une démarche politique dans une tendance démagogique utilisée en cas de négociations », a ajouté M. Renois.
Une intention de bonne gestion
L’économiste Enomy Germain pense que la réduction du nombre de ministres n’aura pas un impact considérable sur l’économie, car les dépenses ne sont pas seulement liées au cabinet d’un ministre. « Fusionner deux ministères ne leur enlève pas le statut d’institution. Cette décision est symbolique en termes de gestion des deniers publics, pas plus », a-t-il expliqué.
Réduire le nombre de ministres, les véhicules, les dépenses et les salaires sont des signaux envoyés, mais pour une meilleure gestion de l’administration publique, d’autres mesures plus substantielles doivent suivre.
Légère différence administrative
Administrativement, rien ne change. Les bureaux et le personnel continuent de fonctionner normalement avec leurs budgets, employés et obligations. Deux ministères fusionnés sous un seul ministre signifient toujours deux administrations distinctes. « On ne peut pas renvoyer le personnel administratif quand deux ministères sont fusionnés. La différence réside en un seul ministre pour deux ministères, mais ce sont deux administrations différentes », a précisé M. Germain.
Le fonctionnement des ministères représente un lourd fardeau pour l’administration publique, avec des dépenses entre 7 et 10 millions de gourdes par mois pour le cabinet du ministre, les frais de bureau et le personnel.
En définitive, la fusion et la réduction des ministères semblent poser des questions essentielles quant à leur efficacité politique et administrative. Malgré les motivations politiques qui sous-tendent ces décisions, elles ne semblent pas nécessairement répondre aux besoins complexes de gestion publique et pourraient plutôt être perçues comme des gestes symboliques. Pour Clarens Renois, leader du Parti Politique UNIR, cette démarche soulève des interrogations sur l’impact réel sur l’économie et l’administration, tout en soulignant la complexité d’une gestion publique rationnelle et efficace.
Cette conclusion met en lumière les défis persistants auxquels est confronté le gouvernement dans sa tentative de rationalisation administrative, tandis que la communauté politique et les économistes continuent de débattre des réelles implications de ces réformes ministérielles.
Mackenlove Hyacinthe
Vant Bèf Info (VBI)
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