Frantz Elbé : entre héritage manqué et reconnaissance tardive

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Neuf mois après le départ de Frantz Elbé à la tête de la Police nationale d’Haïti (PNH), son passage continue de susciter des souvenirs empreints de respect chez plusieurs agents. Malgré un contexte sécuritaire extrêmement tendu et des ressources limitées, Frantz Elbé s’était distingué par son sens du devoir, sa rigueur et son engagement à restaurer une certaine stabilité dans le pays.

Ainsi, des agents de l’UDMO qui se sont confiés à nous, saluent aujourd’hui un directeur « proche de ses hommes », toujours disponible pour écouter et motiver ses troupes, même dans les moments les plus critiques. « Il n’avait pas les moyens nécessaires, mais il faisait tout son possible pour nous encourager et organiser des opérations », confie un policier sous couvert d’anonymat.

Par ailleurs, Frantz Elbé est également considéré comme l’un des rares directeurs généraux de la PNH à avoir placé la population au cœur de sa stratégie sécuritaire. Il prônait activement un rapprochement entre la police et les citoyens, convaincu que la sécurité ne pouvait être durable sans une collaboration étroite entre les forces de l’ordre et la société.

À travers ses interventions publiques et ses directives internes, il encourageait un véritable « mariage Police-Population », afin de renforcer la confiance et d’améliorer le partage d’informations sur le terrain.

De plus, il a activement œuvré pour l’arrivée d’une force multinationale de soutien à la sécurité, en réponse à la montée en puissance des gangs et à la fragilité des institutions. Conscient de l’ampleur de la crise, Frantz Elbé s’était personnellement impliqué dans les discussions diplomatiques et opérationnelles. Il s’était même rendu au Kenya, pays désigné pour diriger cette mission internationale, afin de renforcer la coopération et accélérer le processus. Son engagement dans ce dossier démontre sa volonté d’ouvrir la PNH à des partenariats stratégiques, dans l’intérêt supérieur de la nation.

Certes, certains critiquaient ses résultats, mais d’autres rappellent qu’il avait hérité d’une situation déjà chaotique, marquée par la montée en puissance des gangs armés et l’effritement des institutions. « Il inspirait le respect et nous donnait un sentiment de direction », témoigne un autre agent.

Aujourd’hui, depuis son départ, nombreux sont ceux qui estiment que la situation s’est considérablement aggravée. Les opérations se font rares et le moral des troupes est au plus bas. Pour plusieurs membres des forces de l’ordre, Frantz Elbé restera comme l’un des rares chefs à avoir tenté de redonner une âme à la PNH, malgré les nombreuses  embûches.

Azaine Mauryle

Vant Bèf Info (VBI)

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