Fête des paques: L’insécurité et la vie chère tuent les traditions

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Chaque année, comme le veut la tradition, la fête des pâques est célébrée à travers le pays quelques soit la conjoncture, même si la célébration diffère d’une zone à une autre. Des bandes de « rara » qui investissent les rues, des familles se rendant à l’église, les ménages qui se débrouillent comme un diable dans un bénitier pour acheter du poisson. Des enfants et adolescents mobilisés pour monter des cerfs-volants. Des traditions qu’on ne voit presque plus de nos jours en raison de la situation socio-politique, économique, mais surtout sécuritaire du pays.

Port-au-Prince, le 6 avril 2023.- Cette année, pour la fête de pâques, les haïtiens jonglent entre la vie chère et l’insécurité. Selon les témoignages de certains citoyens, « nous assistons à une fête pascale exceptionnelle cette année ». La situation délétère du pays ne permet pas à la majorité des haïtiens de respecter les traditions en 2023. La population haïtienne semble vivre l’un des pires moments de son histoire.

Les ménages sont à bout de souffle

L’une des particularités de la pâque cette année, c’est que les produits sont excessivement chers, alors que le pouvoir d’achat des ménages connait une baisse considérable. Au marché de poissons de Fontamara communément appelé « La Rochelle, le constat est alarmant. Des acheteurs y viennent mais ne peuvent pas s’offrir du poisson. Les prix demandés sont trop exorbitants.

Des ménages se plaignent de cette situation qui s’aggrave d’année en année. Et ce, sans aucune intervention de l’Etat central en faveur des plus nécessiteux. « Moi je ne vais pas faire de folie. Je vais m’arranger avec les moyens du bord. Pas de poisson cette année », a déclaré une quadragénaire, mère de deux enfants. Elle se résigne à se procurer des produits de substitution comme la morue pour nourrir sa famille.
Hormis les prix des fruits de mers en cette période de fête, ceux des produits de première nécessité sont très élevés dans les différents marchés publics. Fort de ce constat, nombreux sont des ménages qui risquent de passer la période de fêtes sans pouvoir déguster un repas digne de ce nom ou sans pouvoir manger tout court.

Certaines traditions en voie de disparition

Contrairement aux années précédentes, des activités qui rassemblent des jeunes ne sont presque pas au rendez-vous en 2023. On ne constate presque pas de cerfs-volants à travers les rues, encore moins dans le ciel de Port-au-prince. Des jeunes qui, ont malgré tout, confectionné quelques-uns déclarent que la vente est difficile. « J’ai fabriqué seulement deux douzaines de cerfs-volants, j’en ai vendu que six, et là encore je suis chanceux », se désole junior, un jeune de 19 ans. Un père de famille dans la cinquantaine, se plaint de n’avoir constaté aucun cerf-volant dans le ciel d’Haïti alors qu’on est en pleine période pascale.

L’insécurité qui n’en finit pas

La terreur des gangs armés dans certains quartiers au niveau de plusieurs communes de Port-au-Prince empêche aux haïtiens, notamment les chrétiens de jouir pleinement de cette période marquant, selon la bible, la mort et la résurrection du Fils de Dieu, Jésus de Nazareth.

Des familles ne sont pas en mesure de se rendre dans des lieux de cultes pour assister aux cultes liturgiques du vendredi saint et le service du dimanche de pâque par peur d’être kidnappées ou attaquées par des bandes criminelles.
En dépit de la situation difficile que connait le peuple haïtien, le gouvernement du premier ministre Ariel Henry n’annonce aucune mesure d’accompagnement au profit des plus démunis qui végète dans une misère abjecte.

Jean François
Vant Bèf Info (VBI)