Fête des Mères en Haïti : entre tendresse, chagrin et résistance silencieuse

Getting your Trinity Audio player ready...
|
En Haïti, la Fête des Mères ne se résume pas à des bouquets de fleurs ou à des chansons diffusées à la radio. Derrière les sourires et les gestes d’amour, beaucoup de mères portent un fardeau invisible, dans un pays en proie à l’insécurité, la crise et l’exil.

Port-au-Prince, le 25 mai 2025._
En ce jour particulier, le peuple haïtien rend hommage aux mères, ces femmes qui, malgré l’adversité, continuent de porter la société à bout de bras. La maternité, vécue ici comme une mission sacrée, prend une dimension unique dans un pays où chaque jour est un combat.
Un journaliste de Vant Bèf Info constate que cette célébration, bien que symbolique, se vit avec une intensité particulière. La mère haïtienne est perçue comme le pilier de la famille, celle qui incarne l’amour, le pardon et la compassion, même dans les pires tourments.
Dans un contexte de crises multiples — économiques, sociales, sécuritaires —, nombreuses sont les mères qui célèbrent cette journée avec une douleur silencieuse. Certaines ont perdu un enfant dans les violences armées, d’autres vivent dans l’angoisse de voir leurs fils ou filles traverser l’océan à la recherche d’un avenir meilleur. D’autres encore pleurent ceux qui sont tombés sous les balles, ou croupissent derrière les barreaux dans des conditions indignes.
Partout, des récits de souffrance se mêlent à ceux de résilience. Car la mère haïtienne, malgré tout, reste debout. Guerrière invisible, elle continue de lutter pour la justice et la dignité. Gardienne du foyer, elle transforme les blessures en force et garde vivante l’espérance d’un lendemain moins cruel.
Si les vitrines affichent des promotions et les radios font jouer des morceaux doux, ce que souhaitent vraiment ces mères va bien au-delà. Elles rêvent d’une Haïti où règnent la paix, la justice et l’unité. Une société où leurs enfants peuvent aller à l’école, recevoir des soins, manger à leur faim, trouver un emploi digne et vivre sans peur.
La journée est aussi l’occasion de rendre hommage à celles qui sont parties. Leur souvenir continue de briller dans les foyers à travers les valeurs qu’elles ont semées : respect, honnêteté, solidarité. Dans chaque maison, une prière s’élève, un chant d’amour résonne.
Car au-delà des cadeaux, c’est la reconnaissance de leur rôle dans la construction du pays qui importe. Aujourd’hui plus que jamais, la société haïtienne est invitée à voir en chaque mère non seulement un être cher, mais aussi une actrice majeure de la survie nationale.
Yves Manuel
Vant Bèf Info (VBI)