Et si cette troisième étape de la transition échouait?
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Alors que le pays traverse une période cruciale de transition, une question persiste dans l’esprit de nombreux citoyens et observateurs : et si cette troisième étape échouait ? Cette transition est censée ouvrir la voie à des élections démocratiques et à une refondation de l’État, mais les doutes s’accumulent. En effet, les deux précédentes tentatives n’ont pas seulement échoué; elles ont aussi renforcé le cynisme et la désillusion chez une population déjà épuisée par des années de crises successives. Le risque d’un nouvel échec ne serait pas seulement symbolique. Il pourrait plonger encore davantage le pays dans le chaos et l’instabilité, affaiblissant les institutions déjà fragilisées.
Pourquoi en est-on arrivé à une troisième tentative pour espérer une transition réussie ? Le manque de vision, d’anticipation, et surtout, le manque de volonté réelle de changement de la part des acteurs politiques sont autant de raisons de cet enlisement. Ce cycle de transition sans fin reflète une classe dirigeante davantage intéressée par le maintien de ses privilèges que par le bien-être du pays. Les initiatives sont lancées avec fanfare, mais elles s’effondrent rapidement sous le poids des ambitions personnelles et des rivalités stériles. Jusqu’à quand le peuple devra-t-il supporter cet éternel recommencement ? À ce stade, la question est presque rhétorique. Pour que cette troisième étape réussisse, il faudrait un changement profond dans la manière de gouverner, un changement qui, jusqu’à présent, semble illusoire.
Sortir de cet état de crise chronique n’est pas pour demain toutefois, elle requiert une série d’actions concrètes, coordonnées et fondées sur une volonté ferme de rompre avec les pratiques habituelles. Voici des étapes qui pourraient amorcer une réelle sortie de crise :
- Établir un gouvernement de transition neutre et crédible : Pour que cette transition inspire confiance, il est impératif de former un gouvernement composé de personnalités indépendantes et compétentes, sans affiliation directe aux factions politiques qui ont contribué aux échecs passés. Ce gouvernement devrait se concentrer exclusivement sur la stabilisation, la préparation des élections et la sécurité.
- Réformer le système judiciaire et renforcer l’État de droit : L’impunité est l’un des plus grands fléaux actuels. Il est crucial de renforcer les institutions judiciaires, d’assurer leur indépendance et de garantir des procès équitables. Des actions fortes contre la corruption et les abus de pouvoir restaureraient progressivement la confiance de la population.
- Mettre en place un processus électoral transparent : Il est essentiel de planifier des élections crédibles, basées sur des listes électorales propres et sous la supervision d’observateurs nationaux et internationaux. Sans élections légitimes, toute tentative de transition restera incomplète. Le calendrier doit être réaliste, mais respecté, pour éviter les dérapages.
- Redonner confiance aux citoyens à travers des initiatives locales : La population a perdu confiance dans ses dirigeants. Pour renouer avec elle, il est essentiel de renforcer les initiatives locales, comme des comités de quartier, des forums de discussion, ou encore des consultations publiques sur les priorités de la communauté. Impliquer la population peut contribuer à reconstruire un lien de confiance.
- Garantir la sécurité dans tout le pays : Sans sécurité, aucun changement n’est possible. Il est indispensable de désarmer les groupes armés et de réformer les forces de sécurité afin qu’elles deviennent professionnelles et apolitiques. Cela pourrait passer par une coopération avec des partenaires internationaux, mais en gardant toujours la souveraineté nationale au centre de ces efforts.
- Créer un pacte social pour une vision à long terme : Au-delà de cette transition, le pays a besoin d’une vision à long terme. Cela pourrait se faire par un pacte national, un contrat social qui mettrait en avant des objectifs clairs en matière d’éducation, de santé, d’économie et d’infrastructures. Ce pacte devrait être soutenu par la société civile, les entreprises et le gouvernement, pour donner une direction au pays au-delà de l’urgence actuelle.
- Promouvoir la réconciliation et le dialogue national : Les tensions internes, les divisions ethniques, et les rivalités politiques doivent être abordées par un dialogue sincère et inclusif. Un processus de réconciliation peut aider à guérir les blessures du passé et à construire un avenir commun, où chacun a sa place et ses droits respectés.
En définitive, sortir de cette impasse exige plus qu’une série de promesses ; cela demande des actions concrètes et immédiates, portées par un leadership intègre et une mobilisation citoyenne sans faille. Ce n’est qu’à ce prix que le pays pourra tourner la page de cette instabilité chronique et envisager un avenir fondé sur la justice, la sécurité et la confiance renouvelée du peuple envers ses institutions.
Dany Pétion Augustin
Vant Bèf Info (VBI)