Espoir mitigé autour du site de gestion des déchets de Mouchinette à Limonade
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Longtemps surnommée la « Cité christophienne », Cap-Haïtien fait face à une crise environnementale majeure. Des rues encombrées de détritus, des égouts obstrués et des inondations récurrentes affectent l’image de cette ville historique. Pourtant, un projet ambitieux de gestion des déchets à Mouchinette, soutenu par la Banque Interaméricaine de Développement (BID), porte l’espoir d’un renouveau.
Cap-Haïtien, 12 janvier 2025 – Mais alors que les premières opérations d’enfouissement sont prévues pour ce mois-ci, les habitants restent sceptiques face à l’avancement du projet, ralenti par des obstacles administratifs.
Un projet ambitieux, mais lent
Lancé il y a plus d’un an, le site intégré de gestion des déchets de Mouchinette, dans la commune de Limonade, bénéficie d’un financement de 34,5 millions de dollars américains de la BID. Ce projet doit desservir trois communes – Cap-Haïtien, Quartier-Morin et Limonade – en mettant en place une solution durable pour le traitement des déchets solides.
Patrick Almonor, maire adjoint de Cap-Haïtien et président de la Société Anonyme Mixte (SAM), l’entité en charge du projet, se veut optimiste. « Ce site provisoire permettra de stocker et traiter les déchets en attendant la réalisation complète du projet », a-t-il expliqué.
Cependant, le choix de Mouchinette, en dehors du périmètre de la ville, suscite des interrogations. La décision découle du manque d’espace dans Cap-Haïtien, mais certains craignent que la distance complique la logistique de collecte des déchets.
Une approche intégrée et innovante
Le site de Mouchinette se veut plus qu’une simple décharge. Selon Joaneson Lacour, directeur exécutif de la SAM, il s’agit d’un centre moderne qui recyclera plastiques, métaux et déchets ménagers pour les transformer en produits à valeur ajoutée.
« Les matériaux non recyclables seront enfouis conformément aux normes environnementales », précise-t-il. Avec une superficie de 40 hectares, le site démarrera ses opérations sur un hectare, avec une capacité de stockage initiale de 10 000 à 15 000 mètres cubes de déchets.
Steve Mathieu, président de la Chambre de Commerce et d’Industrie du Nord, voit dans ce projet une opportunité de transformation régionale. « C’est une approche globale qui intègre la gestion des ressources humaines, matérielles et environnementales pour un changement durable dans le grand Nord », affirme-t-il.
Des défis persistants
Malgré les ambitions affichées, le projet tarde à se concrétiser pleinement. L’appel d’offres international pour la gestion des déchets recyclables, lancé en septembre 2024, n’a toujours pas abouti. Aucune entreprise n’a été sélectionnée, laissant planer le doute sur la suite du processus.
Pendant ce temps, la crise d’insalubrité s’aggrave à Cap-Haïtien. Chaque jour, des milliers de bouteilles en plastique envahissent les rues et finissent dans la mer. Pour les responsables de l’usine de recyclage Le Nettoyeur LN Recycling à Caracol, la gestion des plastiques reste un enjeu prioritaire.
« Enfouir les déchets n’est pas la solution. Il faut impérativement renforcer la collecte et le recyclage pour éviter que ces déchets continuent à polluer la ville et l’environnement », alerte un responsable de l’usine.
Face à ces défis, les habitants du Cap-Haïtien oscillent entre espoir et frustration. Si les initiatives ne manquent pas, les blocages administratifs et les retards freinent les avancées.
Alors que les enjeux environnementaux deviennent de plus en plus pressants, la question reste ouverte : le site de Mouchinette permettra-t-il réellement de tourner la page de l’insalubrité au Cap-Haïtien ?
Vant Bèf Info (VBI)