Éducation : CO-CFEF entre revendications, numérique et intelligence artificielle à l’occasion de la Journée nationale des enseignants

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En cette Journée nationale des enseignants, célébrée dans un climat national toujours marqué par l’insécurité, la précarité et les fragilités structurelles du système éducatif haïtien, le Collectif des CFEFiens (CO-CFEF) fait entendre une voix singulière et résolument tournée vers l’avenir. Dans une démarche mêlant analyse critique et vision prospective, le collectif a publué ce vendredi 16 mai 2025 sur les réseaux,un document de plaidoyer centré sur les compétences professionnelles des enseignants à l’ère du numérique et de l’intelligence artificielle (IA).

Port-au-prince,le 17 mai 2025.

Adressé au Premier ministre, au ministre de l’Éducation nationale, aux syndicats enseignants et aux partenaires nationaux et internationaux du secteur éducatif, ce document s’appuie sur la publication du référentiel ministériel du 5 octobre 2023 pour proposer une lecture actualisée des enjeux liés à la profession enseignante. Le CO-CFEF insiste sur l’importance de ne pas en rester à une simple formalisation des compétences, mais d’en accélérer la mise en œuvre et de l’adapter aux bouleversements technologiques qui redéfinissent l’éducation.

Entre revendications sociales et mutation technologique

Le CO-CFEF articule son message autour d’un double enjeu : d’une part, la défense des droits fondamentaux des enseignants – salaires décents, sécurité dans les écoles, formation continue de qualité ; d’autre part, la préparation à l’intégration des nouvelles technologies, et notamment de l’IA, dans les pratiques éducatives.

« Même dans un pays marqué par une profonde fracture numérique, l’intelligence artificielle est déjà là, transformant les méthodes d’apprentissage, les attentes des élèves et le rôle même de l’enseignant », peut-on lire dans le document.

Former, équiper, inclure

Face à ce constat, le Collectif, regroupant de jeunes diplômés du Centre de Formation de l’École Fondamentale (CFEF), formule plusieurs recommandations :

Intégrer la formation à l’IA dès la formation initiale des enseignants, avec des contenus techniques, éthiques et critiques.

Promouvoir des approches pédagogiques innovantes, orientées vers l’expérimentation, la créativité et la co-construction des savoirs.

Renforcer la discipline « Technologie et activités productives », introduite par le MENFP en 2023, comme levier de transformation des pratiques.

Mais la réussite de cette transformation suppose aussi des conditions minimales d’inclusion. Le CO-CFEF souligne la nécessité d’un accès équitable à l’électricité, à Internet et aux outils numériques dans toutes les écoles, même les plus reculées. Il plaide pour une formation des directeurs d’école à ces usages, et pour l’implication des familles à travers des initiatives communautaires comme les bibliothèques ou les radios éducatives.

Un référentiel numérique et un observatoire pour structurer le changement

Dans cette dynamique, le CO-CFEF recommande la création d’un référentiel national de compétences numériques pour les enseignants, inspiré des standards de l’UNESCO mais contextualisé aux réalités haïtiennes. Ce référentiel guiderait la formation, l’évaluation et la production de ressources pédagogiques adaptées.

Enfin, le Collectif annonce la mise en place prochaine d’un Observatoire National de l’Éducation Fondamentale en Haïti, une structure indépendante qui aura pour mission de produire des données, d’informer les politiques publiques et de proposer des solutions concrètes aux maux de l’école haïtienne.

Un appel à la mobilisation collective

À travers ce plaidoyer, le CO-CFEF appelle à une mobilisation concertée des syndicats, du gouvernement et des partenaires techniques et financiers. Car selon ses membres, les enseignants ne doivent pas être laissés seuls face à la modernisation de leur métier.

« Ce sont des professionnels qui méritent d’être reconnus, accompagnés et outillés pour faire face à un monde en mutation », conclut le document.

Ce 17 mai, au-delà des hommages, le CO-CFEF pose les jalons d’un débat crucial pour l’avenir de l’éducation en Haïti.

Jean Gilles Désinord
Vant Bèf Info (VBI)