Déploiement de la force multinationale en Haïti, la population est impatiente

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Recommandé depuis octobre 2022 auprès des Nations-Unies par l’ex-premier ministre haïtien Ariel Henry, le déploiement de la force multinationale est encore attendu à Port-Au-Prince. Les citoyens n’en peuvent plus en raison des exactions des groupes armés opérant sur le territoire national. Cette force multinationale, sous les commandes du Kenya, doit venir résoudre le problème du banditisme qui ronge le pays depuis maintenant plusieurs années.

Port-au-Prince, jeudi 16 mai 2024.- Depuis plusieurs semaines, on constate l’arrivée des éléments de l’armée américaine en Haïti dans un contexte où tous les vols ont été annulés vers Port-au-Prince depuis mars dernier en raison de tirs à répétition signalés dans les parages de l’aéroport international Toussaint Louverture.

Le sociologue Delson Cius, dans une interview téléphonique accordée à la Rédaction de Vant Bèf info, indique que l’insécurité en Haïti est un problème d’ordre politique. Le spécialiste pense qu’avec la venue de cette force étrangère, la peur peut changer de camps. D’ailleurs, on rapporte des situations qui s’apparentent à une psychose de peur du côté des groupes armés. Delson Cius croit dur comme fer que cette situation est susceptible de réactiver le mouvement “Bwa kale”. Plus loin, il soutient que la présence des troupes étrangères représente l’effondrement de l’État haïtien qui n’a pas pris les bonnes décisions pour gérer les conflits et résoudre les problèmes liés à l’insécurité.

De son côté, le militant politique Evens Ciril, membre de la structure « Nou pap Konplis », explique que la venue de la force multinationale pourrait soulager la population haïtienne livrée à elle-même. « Il y a clairement une absence de volonté de la part des autorités haïtiennes. Sous leurs yeux, les groupes armés ont progressé sans aucune autre forme de résistance. Aujourd’hui, la majorité de la population est contrainte d’accepter la force multinationale comme véritable réponse à la crise sécuritaire. Peu importe la main libératrice qui peut tirer le pays de ce profond marasme sera la bienvenue. Mais sans une feuille de route, rien ne pourra garantir la réussite de cette force, car ce n’est pas un secret pour personne, que le problème de l’insécurité en Haïti aujourd’hui est un problème politique », a-t-il ajouté.

La force multinationale, une lueur d’espoir pour le peuple haïtien ?

Depuis le 29 février dernier, les habitants de Port-au-Prince vivent leur plus grande frayeur. Plus d’un croient que seule une force étrangère peut soulager le pays de cette asphyxie. Depuis quelques jours, la présence des soldats américains a été remarquée aux alentours de l’aéroport international Toussaint Louverture. Mission: préparer le terrain afin de faciliter l’opération de la force multinationale dans le pays.

D’après le professeur Auguste Demeza, « la population haïtienne est à la recherche d’un sauveur. Si réellement c’est la MMSS qui peut lui donner la paix, la sécurité, il va l’accueillir à bras ouverts ». M. Demeza déplore le fait que ceux qui se disent nationalistes n’avaient rien fait pour empêcher le pays de sombrer dans l’abîme.

Une force multinationale en Haïti, peut-on espérer grand-chose?

La MMSS sera la 14e force étrangère qui foulera le sol haïtien. 2004, après le départ de Jean Bertrand Aristide, la population haïtienne avait manifesté contre la force américaine, ensuite contre les casques bleus. vingt ans plus tard, la réalité est toute autre. Le peuple haïtien accepte et va jusqu’à applaudir la venue de soldats étrangers sur la terre de Dessalines.

Depuis 1994, les blancs débarquent en Haïti et les résultats n’ont jamais été au rendez-vous, relate professeur Demeza. En effet, toujours selon le professeur, les dirigeants haïtiens ne veulent pas sauver le pays de cette crise car celle-ci leur est tout à fait bénéfique. Ces pécheurs en eau trouble arrivent à bâtir leur richesse grâce à la crise, dénonce l’enseignant.

Alors que les policiers kenyans disent être près à fouler le sol haïtien, mais des interlocuteurs appropriés pouvant discuter avec eux font encore défaut. Plusieurs semaines après l’installation du Conseil Présidentiel de Transition, toujours pas de premier ministre, encore moins de gouvernement établi.

Likenton JOSEPH
VANT BÈF INFO (VBI)