Crise en Haïti : le PNA et ses alliés dénoncent la réforme constitutionnelle et alertent sur un nouveau danger politique

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La structure politique Platfòm Nouvèl Ayiti (PNA) et ses organisations alliées montent au créneau contre le Conseil présidentiel de Transition (CPT) et le gouvernement du Premier ministre Alix Didier Fils-Aimé. Dans une note de presse datée du 27 mai 2025, elles condamnent fermement le projet de réforme constitutionnelle en pleine insécurité généralisée et tirent la sonnette d’alarme sur l’initiative « En route vers la Cour de Cassation», qu’elles considèrent comme un péril pour la nation.

Pétion-Ville, 27 mai 2025 — Des organisations signataires — PNA, ESC, PPRH, PPIH, ADA et ACHAPODEM — rejettent catégoriquement la volonté du CPT et du gouvernement de lancer un référendum constitutionnel alors que le pays est plongé dans une insécurité extrême. Elles estiment que les priorités du moment devraient être la sécurisation du territoire, la reconquête des zones sous contrôle des gangs et la relance économique, plutôt que la révision de la Constitution.
Elles dénoncent un gouvernement incapable de tenir ses promesses : « Le Conseil présidentiel n’a même pas pu remplir la première mission énoncée dans l’accord du 3 avril 2024 — le rétablissement de la sécurité — et voilà qu’il veut passer à la réforme constitutionnelle. » La note pointe notamment l’expansion du contrôle des gangs armés à Delmas 19, Delmas 30, Kenscoff et Mirebalais, marquant un échec flagrant de l’État à protéger ses citoyens.
Autre point de crispation : les scandales de corruption. Le cas de la Banque nationale de crédit (BNC), où trois conseillers sont-elles inculpés sans avoir démissionné, est cité comme preuve du manque de moralité du CPT. Les signataires réclament leur retrait immédiat de la scène politique pour éviter une aggravation du chaos.
Mais le communiqué va plus loin. Il appelle la population à se méfier de l’initiative « En route vers la Cour de Cassation», qualifiée de tentative masquée de reconquête du pouvoir par des figures politiques discréditées. Selon le PNA, cette initiative est portée par des individus impliqués dans des scandales passés, comme Mirlande Manigat, Jean-Michel Lapin, et Me Jean Renel Sénatus, ce dernier accusé par le chef de gang « Yonyon » d’avoir fourni des armes en 2014 à des fins électorales.
Les juges actuellement en fonction à la Cour de Cassation sont eux-mêmes désignés comme illégitimes. Leur nomination par Ariel Henry, alors Premier ministre de facto, aurait violé les articles de la Constitution et les lois sur le statut de la magistrature. Le PNA rappelle que depuis la mort du président René Sylvestre en 2021, la Cour n’a jamais retrouvé sa légalité structurelle. Avec seulement six juges au lieu du quorum de sept, les décisions de la haute juridiction seraient entachées d’inconstitutionnalité.
« Comment des magistrats peuvent-ils défendre la loi tout en acceptant une nomination illégale ? C’est une question de principe et d’éthique. Cette absence de moralité illustre le mal profond de la classe politique post-1986 », dénonce la plateforme.
Appelant à un changement de cap radical, le PNA et ses partenaires affirment qu’il faut évincer le CPT et mettre fin à la logique de recyclage politique. Ils exigent que les critères de moralité, d’intégrité et de compétence guident désormais tout processus de désignation des autorités de transition. « Nous refusons que ceux qui ont causé les problèmes soient ceux qui prétendent les résoudre. »
La note est paraphée par les différents représentants des groupes avec Vénel Bozile, Platfòm Nouvèl Ayiti (PNA); Danley Hilaire, Entente des sections communales (ESC) ; Jean Bernard Louis, parti politique Intérêt Haïti (PPIH) ; Jackson Seresier, Plate-Forme Paysans Regroupés d’Haïti (PPRH); Adrien Berger, Asosyasyon Debou pou Ayiti (ADA); Remilus Pedrick, An n Chanje Ayiti pou yon Demen Miyò (ACHAPODEM).
Ils annoncent qu’une proposition de sortie de crise sera présentée prochainement à la nation. Elle s’articulera autour de principes clairs : légalité, gouvernance éthique et inclusion patriotique.
Wideberlin Sénexant
Vant Bèf Info (VBI)