Créer en plein chaos : le pari risqué des jeunes entrepreneurs haïtiens
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En dépit de l’insécurité et de l’effondrement économique, de jeunes haïtiens s’accrochent à leur ambition. Face à un marché du travail exsangue, ils se lancent dans l’entrepreneuriat, non par choix mais par nécessité. Une prise de risque qui, entre manque de financement et menaces des gangs, met leur résilience à rude épreuve.
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Un entrepreneuriat de survie
Port-au-Prince, 15 février 2025 – Avec un taux de chômage dépassant 50 %, trouver un emploi relève du parcours du combattant. Lancer son propre business devient alors une alternative forcée.
« Trouver un emploi stable, relève d’un miracle », confie Marc Édouard Michel, 27 ans, fondateur d’une entreprise de sérigraphie à Pétion-Ville. « J’ai décidé de créer mon propre emploi, même si c’est difficile. »
Mais dans un pays où plus de 80 % de l’économie repose sur l’informel, selon la Banque mondiale, ces jeunes doivent jongler entre instabilité et précarité financière.
Des idées, mais peu de financements
L’un des principaux obstacles reste l’accès au crédit. Les banques exigent des garanties que la plupart des jeunes ne peuvent fournir.
« J’ai voulu lancer une grande boutique, mais aucune banque ne voulait me prêter de l’argent », témoigne Christelle Pierre-Noël. « J’ai dû emprunter à ma famille et puiser dans mes économies. »
Si des institutions comme la SOFIHDES proposent des micro-crédits, les taux d’intérêt élevés rendent l’option peu accessible.
L’insécurité, un frein permanent
Dans plusieurs zones du pays, les gangs imposent leur loi, rendant les affaires encore plus périlleuses.
« J’ai dû fermer mon atelier à cause des menaces et des extorsions », raconte Williamson Exantus, entrepreneur en menuiserie. « J’ai déjà été envahi par des gangs à Fontamara 27, alors j’ai préféré partir. »
Selon le Centre d’Analyse et de Recherche en droits de l’homme (CARDH), le racket contre les commerçants a augmenté de 40 % en 2023.
Entre résilience et précarité
Certains entrepreneurs parviennent tout de même à tirer leur épingle du jeu en misant sur le numérique.
« Je vends en ligne et j’exige des frais de livraison pour limiter les pertes », explique Samuel, créateur de SamyShop.
Mais à force d’improviser, ces jeunes s’épuisent. Chaque menace, chaque perte financière, chaque attaque les rapprochent du point de rupture.
Sans un environnement plus sécurisé et des politiques publiques adaptées, l’entrepreneuriat en Haïti restera une course d’obstacles où seuls les plus courageux survivent. Pourtant, ces jeunes ne demandent qu’une chose : que créer ne soit plus un acte de survie, mais un véritable moteur de développement.
Belly-Dave Bélizaire
Vant Bèf Info (VBI)