Conditions déplorables des établissements pénitentiaires en Haïti: l’OPC tire la sonnette d’alarme

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Une récente mission d’inspection menée par l’Office de Protection du Citoyen (OPC) dans plusieurs établissements pénitentiaires de la région métropolitaine de Port-au-Prince a mis en lumière des conditions de détention profondément préoccupantes. Les équipes de l’OPC, dirigées par le magistrat Jean Wilner Morin, ont visité notamment le Centre de Rééducation des mineurs en conflit avec la Loi (CERMICOL), le commissariat de Pétion-Ville, le sous-commissariat de Canapé Vert, le commissariat de Delmas 33 et la Direction centrale de la Police judiciaire (DCPJ).

Port-au-Prince, le 22 janvier 2025. Dans tous les établissements visités, l’OPC a constaté un surpeuplement chronique, des conditions d’hygiène déplorables, un manque criant de soins médicaux et une absence quasi totale d’activités éducatives et récréatives.
Au CERMICOL, conçu pour accueillir une quarantaine de mineurs, la situation est particulièrement alarmante.
Le mélange de mineurs et d’adultes, souvent condamnés, dans un espace exigu, constitue une violation flagrante des droits de l’enfant et expose les jeunes détenus à des risques de violence et de radicalisation.
Dans les commissariats, transformés de facto en lieux de détention prolongée, les détenus sont entassés dans des cellules surpeuplées, sans accès à l’eau potable ni à des soins sanitaires appropriés.
Le non-respect des délais de présentation devant un juge et l’absence de garanties procédurales sont monnaie courante.
Les causes d’une crise
Ces conditions de détention sont le résultat d’un ensemble de facteurs complexes, liés notamment :
À la crise humanitaire et politique que traverse le pays depuis plusieurs années, qui a fragilisé les institutions et les services publics.
Au sous-financement chronique du système pénitentiaire, qui se traduit par un manque de personnel qualifié, d’équipements et d’infrastructures adaptées.
À la lenteur de la justice et à l’engorgement des tribunaux, qui entraînent une augmentation du nombre de détenus en attente de jugement.
Les conséquences sur les droits humains
Ces conditions de détention ont des conséquences dramatiques sur les droits fondamentaux des personnes privées de liberté :
Atteinte à la dignité humaine: Le surpeuplement, l’insalubrité et les mauvais traitements infligés aux détenus portent atteinte à leur dignité et à leur intégrité physique et psychologique.
Les conditions de détention favorisent la propagation des maladies infectieuses et mettent en danger la santé des détenus.
Le non-respect des délais de présentation devant un juge et l’absence de garanties procédurales constituent des violations graves du droit à un procès équitable.
Face à cette situation alarmante, l’OPC formule les recommandations suivantes :
Réduire la surpopulation carcérale en accélérant les procédures judiciaires et en développant des alternatives à l’incarcération.
Améliorer les conditions de détention en investissant dans la rénovation des établissements pénitentiaires, en renforçant les mesures d’hygiène et en garantissant l’accès aux soins médicaux.
Renforcer la séparation des mineurs des adultes et mettre en place des programmes de rééducation adaptés aux besoins spécifiques des jeunes détenus.
Former le personnel pénitentiaire aux droits de l’homme et aux techniques de gestion de conflit.
Mettre en place un système de contrôle indépendant pour surveiller les conditions de détention et garantir le respect des droits des détenus.
Vant Bèf Info (VB