Carrefour étouffe sous l’emprise des gangs : les enfants, premières victimes de l’insécurité

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Pris en otage par les violences armées, la commune de Carrefour vit au rythme des mots d’ordre imposés par les gangs. Après deux jours de paralysie forcée la semaine dernière sous la menace du chef de gang Krisla, une grève des chauffeurs de transport public vient aggraver la crise. Lancé ce lundi 5 mai, le mouvement est toujours en cours, bloquant l’accès entre Carrefour et le centre-ville de Port-au-Prince.

Carrefour, le 6 mai 2025 — Les revendications sont limpides : les transporteurs dénoncent une insécurité grandissante marquée par les enlèvements, les extorsions et les droits de passage exigés par les bandes armées. Entre peur et résignation, ils ont choisi de suspendre leurs services, criant leur impuissance face à l’inaction des autorités.

Mais au cœur de cette crise persistante, une interrogation majeure s’impose : quel avenir pour les enfants de Carrefour ? Privés d’école, souvent confinés chez eux, exposés à la violence ou à des tentatives de recrutement par les gangs, des milliers d’enfants voient leur éducation et leur développement gravement compromis. L’accès à l’instruction, déjà fragile, devient quasi inexistant lorsque transports et établissements scolaires cessent de fonctionner pour raisons sécuritaires.

Les répercussions psychologiques sont alarmantes. « Nous observons chez ces enfants des signes de traumatisme chronique : troubles du sommeil, anxiété, agressivité, isolement », alerte un psychologue clinicien spécialisé dans la prise en charge de jeunes victimes de violence. Selon lui, certains développent des symptômes de stress post-traumatique sévère, d’autres adoptent une vision fataliste de l’avenir. « Sans accompagnement, ces séquelles peuvent marquer toute une vie. »

Face à l’ampleur de la crise, les efforts des organisations locales et internationales peinent à combler le vide laissé par l’État. Des programmes psychosociaux sont mis en place, mais restent insuffisants. Sans une réponse urgente et coordonnée des pouvoirs publics et de la communauté internationale, une génération entière risque de sombrer dans le chaos.

À Carrefour comme ailleurs, les enfants sont les premières victimes d’une insécurité qui les prive non seulement de leur présent, mais aussi de leur avenir.

Judelor Louis Charles
Vant Bèf Info (VBI)

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