Avant-projet de Constitution : REPOS-HAÏTI pointe de sérieuses faiblesses

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L’avant-projet de Constitution haïtienne de 2025, censé jeter les bases d’une refondation de l’État, suscite de vives critiques. L’organisation REPOS-HAÏTI, dans une analyse publiée cette semaine, dénonce un texte déconnecté des réalités du pays, malgré ses intentions de modernisation et de gouvernance inclusive.

Port-au-Prince, le 31 mai 2025 – Présenté comme une avancée vers une Haïti plus démocratique, le projet propose notamment l’instauration d’un service civique obligatoire, une participation accrue de la diaspora, la mise en place d’assemblées départementales et un transfert des compétences vers les collectivités territoriales. Si ces dispositions visent à renforcer les institutions, REPOS-HAÏTI estime qu’elles sont difficilement applicables dans un contexte marqué par l’insécurité, la désorganisation administrative et l’effondrement des infrastructures.
Décentralisation mal préparée et participation citoyenne limitée
L’un des points centraux du texte est la décentralisation. Pourtant, l’étude souligne une absence de planification et de préparation des acteurs locaux. « Sans formation, sans moyens, sans infrastructures, la réforme risque d’aggraver les déséquilibres existants », avertit l’organisation.
Sur le plan participatif, REPOS-HAÏTI regrette que le processus d’élaboration du texte ait exclu une large part de la population. L’avant-projet, jugé peu représentatif, ne reflèterait pas suffisamment les réalités vécues sur le terrain, notamment en matière de justice sociale, d’accès à l’éducation ou de respect des droits fondamentaux.
Des lacunes majeures sur les urgences nationales
Dans un contexte de crise multidimensionnelle – insécurité, crise humanitaire, effondrement institutionnel – l’avant-projet est critiqué pour son incapacité à répondre aux priorités immédiates. REPOS-HAÏTI souligne aussi des imprécisions sur des points essentiels tels que la souveraineté populaire, la séparation des pouvoirs ou encore les mécanismes de contrôle démocratique. Le manque de garanties sur la transparence et l’application des droits fondamentaux renforce la méfiance envers le projet.
Des recommandations pour une réforme ancrée dans la réalité
Face à ces limites, REPOS-HAÏTI formule plusieurs recommandations :
- Mettre en place un comité de relecture indépendant ;
- Impliquer réellement la population par des consultations inclusives et représentatives ;
- Adapter les propositions au contexte de crise, en priorisant la sécurité, la justice et la solidité institutionnelle ;
- Simplifier les structures proposées pour garantir leur faisabilité ;
- Renforcer les contre-pouvoirs et valoriser la culture haïtienne dans l’architecture constitutionnelle.
Une ambition légitime, mais un ancrage indispensable
Pour REPOS-HAÏTI, l’adoption d’une nouvelle Constitution ne saurait réussir sans rigueur, réalisme et légitimité populaire. « Une réforme qui ne s’ancre pas dans une large concertation nationale risque d’approfondir les fractures sociales et politiques au lieu de les guérir », conclut l’analyse.
Le sort de ce texte dépend désormais de la capacité des acteurs politiques à écouter les critiques et à corriger le tir pour répondre véritablement aux attentes du peuple haïtien.
Likenton Joseph
Vant Bèf Info (VBI)