Affaire Magalie Habitant : la FJKL salue l’enquête tout en tirant la sonnette d’alarme
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Dans un rapport publié le mardi 15 avril 2025, la Fondasyon Je Klere (FJKL) accueille favorablement l’enquête menée par la Direction Centrale de la Police Judiciaire (DCPJ) dans l’affaire impliquant Magalie Habitant, ex-directrice du Service National de Gestion des Résidus Solides (SNGRS), et son chauffeur Lenès Jean Philippe. Arrêtés en janvier dernier, les deux prévenus sont au cœur d’un dossier sensible que la FJKL qualifie d’« enquête perfectible mais sérieuse ». Mais l’organisation de défense des droits humains ne cache pas ses préoccupations.

Des preuves jugées fragiles et non corroborées
Port-au-Prince, le 15 avril 2025 — La FJKL dénonce l’usage d’allégations non vérifiées comme éléments de preuve, notamment l’intégration au dossier de rapports confidentiels émanant du Bureau de Renseignements Judiciaires (BRJ), sans validation formelle ni témoignages à l’appui. Pour l’organisation, ce procédé fragilise la crédibilité de la procédure et viole les principes fondamentaux d’un procès équitable.
Sanctions internationales et soupçons d’instrumentalisation
Autre point de discorde : le recours à des sanctions internationales, comme celles visant l’ex-député Prophane Victor, pour justifier des poursuites judiciaires. La FJKL rappelle que ces sanctions, bien qu’importantes sur le plan diplomatique, ne reposent pas sur des preuves recevables selon le droit haïtien. Elle met aussi en garde contre toute tentative de manipulation du processus judiciaire, citant notamment l’invitation controversée adressée à l’inspecteur général Alain Auguste, qu’elle considère comme une atteinte gratuite à sa réputation.
Omissions troublantes et appels à la transparence
La FJKL s’interroge également sur le silence des autorités concernant un homme d’affaires, connu des services de police, qui aurait fourni un véhicule blindé à un chef de gang opérant à Canaan. Son identité reste confidentielle, malgré les soupçons de financement du terrorisme. Une omission jugée grave par l’organisation, qui appelle à une transparence totale.
Des poursuites justifiées, mais sous haute surveillance
Tout en reconnaissant que le dossier comporte des éléments suffisants pour motiver des poursuites, la FJKL insiste sur la nécessité de garantir les droits de tous les justiciables. Trois des prévenus ont été libérés après audition le 14 avril, tandis que le dossier a été officiellement transmis au parquet quatre jours plus tôt, le 10 avril.
Selon la FJKL, cette affaire pourrait représenter un tournant pour la justice haïtienne. Mais tout écart à la rigueur et à l’impartialité menacerait la confiance, déjà fragile, de la population envers ses institutions judiciaires.
Jean Gilles Désinord
Vant Bèf Info (VBI)