A Port-au-Prince, les « balles perdues » blessent et tuent en silence
Getting your Trinity Audio player ready...
|
Plusieurs citoyens vivant dans des quartiers de Port-au-Prince affirment avoir été victimes de «balles perdues». Ils les victimes indirectes des assauts des groupes armés qui tentent, par tous les moyens, de prendre le contrôle de presque la totalité de la Capitale haïtienne. Témoignages de quelques victimes…
Port-au-Prince, 17 septembre 2023.- «J’ai vu une adolescente qui a reçu une balle. Elle a été transportée d’urgence à l’hôpital. Quelques minutes après, pendant que je parlais avec un ami, je sentais que quelque chose touchait ma fesse gauche. Et voilà, c’était un projectile », explique un citoyen qui vit à Caradeux, commune de Tabarre.
Personne n’est à l’abri
Les balles perdues n’épargnent personne. A la maison, dans les rues, à l’église. Le dimanche 17 septembre 2023, dans une église de Port-au-Prince, un fidèle a failli être victime. « En plein service, une balle perdue a percuté le toit de l’assemblée où je dirige. Cette balle a manqué de peu l’un de mes fidèles qui était sur le podium », nous confie un pasteur qui requiert l’anonymat. « Chaque jour, nous frôlons la mort », a-t-il lâché, l’air désappointé.
Depuis quelques temps, plusieurs zones dans la région métropolitaine sont le théâtre de troubles et de pagailles. Les gangs armés tentent d’étendre leurs tentacules et prennent le contrôle de plusieurs quartiers de la Capitale. Face à cette situation, les citoyens affirment ne pas pouvoir se protéger, et dénoncent l’inefficacité de la Police. « Personne n’est exempte de cette situation de terreur », déplorent-ils.
Aucun bilan mais beaucoup de victimes
A date, aucun chiffre n’est disponible concernant les personnes atteintes de balles perdues. Les organisations des droits humains ne sont pas elles-mêmes en mesure de donner des détails. Mais sur le terrain, les victimes se comptent par centaine mais souffrent en silence.
Dans certains quartiers de la région métropolitaine de Port-au-Prince, la liste des citoyens atteints de balles perdues augmentent. « Entre fin août et début du mois de septembre, au moins une dizaine de personnes sont victimes de balles perdues », a déclaré une jeune femme vivant dans le village de Caradeux, communément appelé « Camp Toto ».
Pour elle, « être au milieu d’un affrontement, c’est moins effrayant ». Délaissée, impuissante face aux assauts répétés des hommes armés, cette jeune professionnelle qui requiert l’anonymat, appelle les autorités concernées à jouer leur rôle afin de stopper, par tous les moyens, l’action des gangs.
Rappelons qu’au cœur même du Champs-de-Mars, non loin du Palais présidentiel, en mars dernier, Tchadensky Jean Baptiste, étudiant en troisième année à l’Ecole Normale Supérieure (ENS) a été touché par une balle perdue. La victime avait été par la suite transférée dans un centre hospitalier des Médecins Sans Frontières à Tabarre, où il a rendu l’âme.
Plusieurs secteurs de la vie nationale avaient condamnés la mort de ce jeune, plein d’avenir.
Les victimes de ce phénomène à Port-au-Prince sont nombreuses. La liste s’allonge de jour en jour. Malgré les efforts jugés “insignifiants” de la Police Nationale d’Haïti, les gangs armés ne cessent de se renforcer.
Pierre Daniel Lamartinière
Vant Bèf Info (VBI)